Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

29 décembre 2005

La nuit - von Eichendorff

La nuit

Qu'il est beau de rêver ici
La nuit dans la forêt silencieuse
Lorsque parmi les arbres sombres
Résonne encore la vieille fable

La montagne à la lueur de la lune
Comme figée dans ses pensées
Et dans les décombres troubles
Les sources vont en se plaignant

Car las j'allais sur les alpages
La beauté devenue paix
La nuit de son ombre froide,
Recouvre mon tendre amour.

C'est la plainte folle
Dans la splendeur slencieuse de la forêt
Les rossignols en résonnent
Tout le reste de la nuit.

Les étoiles montent et descendent
Quand viendras-tu, vent du matin
Et lèveras de nouveau les ombres
De l'enfant perdu dans ses rêves ?


Joseph Freiherr von Eichendorff (1788-1857) in Martin Suter

27 décembre 2005

Sommes-nous tous des simulations ?

matrix simulation"Vous êtes probablement une simulation". C'est ce qu'affirme le philosophe Nick Bostrom, soit l'humanité est très proche de son extinction, soit vous et moi sommes ("presque certainement") les produits d'une simulation informatique - des personnages de Matrix en quelque sorte, et par définition incapables de savoir si c'est ou non le cas.

Le raisonnement est simple : l'humanité que nous connaissons (si elle ne disparaît pas) parviendra dans relativement peu de temps à produire des ordinateurs et des logiciels capables de simuler l'intelligence et la conscience humaines. Une fois disponibles, 1. il est plus que probable que quelqu'un décidera de s'en servir et 2. dans la mesure où ces moyens deviendront de plus en plus faciles à dupliquer, il y aura très vite beaucoup plus d'êtres simulés que d'êtres réels. Ergo, la probabilité que nous soyons des simulations est très élevée.

La réflexion de Bostrom présente un avantage, si l'on peut dire : si nous croyons que nous sommes des êtres simulés (à l'initiative d'êtres disposant de la technologie nécessaire), alors Dieu existe - c'est notre simulateur - et la vie après la mort aussi - une simple commande du logiciel. Aussi, notre but principal consistera-t-il à deviner les désirs de notre Dieu et à les satisfaire. Si vous avez des chances de vivre dans une simulation, alors, toutes choses égales par ailleurs, vous devriez moins vous préoccuper des autres, plus vivre au jour le jour, être plus amusant et digne d'éloges et vous rapprocher des gens célèbres qui vous entourent. Au risque, si tout cela est bien réel, de hâter l'avénement de l'autre hypothèse, celle de la fin de l'humanité.

Le site de Nick Bostrom: http://www.simulation-argument.com/

D'autres théories ?

Source : Internet Actu.

Trouvé sur : PopNext

Ajout d'un autre article intéressant, voir surtout l'article en anglais:

Par Florent Fremont

coupe du cerveau Le journal "The Guardian" à interviewé récemment Daniel Tammet, un savant mathématicien et autiste. Ce savant décrit la manière avec laquelle son esprit fonctionne pour réaliser des calculs mentaux synesthésie (association spontanée par correspondance de sensations appartenant à des domaines différents), où les nombres sont représentés dans son esprit comme des formes, des couleurs ou des textures. Quand Daniel Tammet calcule 377*795, il ne "calcule" pas vraiment le résultat. Il n'y a pas dans son esprit de calculs conscients, la solution lui arrive instantanément. Le nombre 2, par exemple, est un mouvement, et 5 représente la foudre qui tombe. "Quand je multiplie des nombres ensemble, je vois deux formes. L'image commence à changer et à évoluer jusqu'a ce qu'une troisième forme se dessine : c'est la solution. C'est de l'imagerie mentale. C'est comme des mathématiques sans avoir à penser ..." impressionnants. Ces processus sont en fait de la

Daniel Tammet est aussi en train de créer son propre language, le "Mänti", fortement influencé par les languages de l'Europe du nord-est qui sont très "riches en images". Il parle déjà le Français, l'Allemand, l'Espagnol, le Lithuanien, l'Islandais et l'Esperanto. Plus de détails sur son langage avec le lien ci-dessous.

Lire l'article complet. (en anglais)

24 décembre 2005

Je n'ai pas le goût du pouvoir.
Mon dégoût de l'homme est tel qu'ainsi le goût du pouvoir m'est étranger.

Je vis parmi des fous et des possédés et des esprits errants qui personnifient le malaise. Je suis sain d'esprit mais je crois que bientôt je deviendrais fou. Ceci prend une importance particulière in-situ. Par exemple, je marchais près d'une gare, un jour, et je regardais les gens. Ils étaient tous fous et possédés. Tous possédés.

On est en droit de se demander s'il existe d'imagination pure puisqu'il y a un recours constant à l'expérience. Ainsi imaginer n'est qu'une force de raisonnement qui admet de nombreuses significations. Donc s'il y a un recours constant à l'expérience, l'imagination elle aussi est viciée. Mais ici j'ai imaginé qu'il puisse y avoir "quelque chose d'autre" qui soit "non-vicié". Comment puis-je le savoir puisque ce n'est qu'imagination ! C'est-à-dire, comment est-ce possible qu'un raisonnement vicié puisse imaginer quelque chose de sain ? (=analogies: Comment un fou pourrait voir le monde tout entier alors qu'il est aveugle et emprisonné en lui-même, peut-être que le monde n'existe pas ? Comment pourrait-on avoir une visibilité diurne alors que la nuit est complète, peut-être que le jour n'existe pas ?) Donc il faut admettre que l'idée même qu'il puisse exister quelque chose de sain est humainement viciée.
Il est trop facile de détruire, il faut admettre que peut-être l'homme est condamné à construire en vain pour une Reproduction et évolution dénuée de sens.

Longtemps j'ai regardé la Seine. Pleine grisaille. Des mouvements de surfaces sur un courant froid. Engelures, engloutissement. Quand je m'en suis détaché, j'avais la certitude qu'aujourd'hui je n'existais plus. Suicide psychique.

23 décembre 2005

Vos valeurs me sont indigestes.

La vie m'est indigeste.
Mon seul plaisir vient du cynisme.
Ou de l'oubli.
Je marque des pauses. Entre chaque phrase, chaque idée, chaque geste.
Puis une longue pause.
Ce sont des troubles.
Au fur et à mesure, s'accumule de la vase en moi. Mais cette accumulation est excessive, et plus je vis, plus j'accumule, et plus j'accumule, moins il y a d'espace vital. Ainsi malgré l'inexorable sort, malgré le contrôle difficile que j'ai sur mes gestes et sur me mouvements de vie, la vase continue à s'entasser, je continue à remuer quelque peu, mais la vie m'apporte si peu d'eau, et la mienne devient de plus en plus trouble, il devient de plus en plus difficile de se mouvoir en celle-ci. Bientôt, il n'y aura plus que de la vase - et rien d'autre.
Si je remontais à la source des troubles, voilà ce que je dirais:
Toutes les valeurs sont détestables, premierement, l'art.
L'art est doublement corrompu par l'homme.
Ce qui donne à l'art cette force inexprimable, c'est justement le fait que l'art soit étranger à l'homme. Ainsi il semble être une issue de secours à la vie, une voie vers un ailleurs. C'est l'idéal des artistes, et c'est aussi pour cela que l'art paraît être salutaire. Mais je vous le dis, l'art n'a rien d'un salut. Il est, à la rigueur, un éphémère soutien. Il peut satisfaire certains hommes parce que ceux-ci peuvent s'en contenter.

Si l'art est étranger à l'homme c'est parce qu'il n'est entendu par celui-ci que par les petites oreilles humaines, adaptées à la seule petitesse de la poussière d'art que connait l'homme.
C'est cela que je veux dire, l'art chez l'homme est poussière, parce que l'homme ne peut connaître de choses plus hautes. C'est ainsi.
L'art pour l'homme est tel un maigre ruisseau entierement pollué par ce même être, mais l'art dans sa réalité est aussi vaste que la mer.

L'art est doublement corrompu.

(i) Car le Beau, sa substance, glorifiée par l'homme, émerge d'un milieu qui, par ce même homme, est dégénéré, n'est plus sain, n'est plus « vierge ».
L'homme ayant vicié cedit milieu, l'art de celui-ci sera fatalement insane. Lorsque quelque chose est en train de pourrir et qu'à partir de cette pourriture, l'on créé, quel crédit apporter à l'art qui en émerge, cet art du malaise ? Et tout art n'est-il pas art du malaise ? Voyez, quelles sont, par exemple, les peintures qui naissent dans une pureté indemne de quelque pourriture humaine ? En existe-t-il ? Peu m'importe la profondeur douteuse des peintres les moins fous parmi les fous, elle ne révèle que la déchéance de toute chose.

(ii) L'art copie et/ou déforme la nature par une perception subjective. Mais l'atmosphère de telle oeuvre qui génère chez nous une certaine émotion est souvent une émotion qui dans sa réalité première est décuplée... je préfère mille fois le motif que sa défiguration par l'homme, par le biais de l'art.
J'eus, il y a quelque temps, l'idée que l'art qui advient de l'imaginaire pur est le seul de valable.
Or je me trompais, car l'imaginaire est également vicié, l'imaginaire étant une espèce de miroir onirique, il reflète également une part de malaise.
Mais surtout, l'imaginaire est cette fleur qui apparaît miraculeusement sur un champ de ruines. Cette fleur ayant ses racines dans les ruines, est logiquement viciée.

L'homme ne devrait pas avoir besoin de rêves, il aurait dû construire le rêve et y vivre. Or il a échoué, plus que lamentablement. Car il n'y a pas de rêve unique envisageable à cause de la vile condition humaine. Cette impossibilité est aussi une condamnation. Et maintenant il ne peut plus construire, il git sur ses propres ruines. Dans le meilleur des cas, l'homme voudra balayer toutes ces ruines pour bien reconstruire, mais je ne vois que de petites et instables constructions, qui de jour en jour agrandissent la quantitée de ruines déjà présentes, aussi il ne saurait comment bien reconstruire.

Je crois à la condamnation de l'homme.
Les rêves de chacun étant terriblement faibles et bas, et l'homme étant programmé à générer ces rêves faibles et bas, comment pourrait-il s'améliorer ?
De plus, l'homme a constitué tout un système de valeurs faibles et basses, et il vit au dedans de ce système. Il est par sa constitution, condamné à vivre dans ce système. Les individus ayant des rêves forts et hauts sont inévitablement broyées par les valeurs originalement présentes.

En ce qui concerne l'art, l'exemple du cinéma est flagrant. Le cinéma peut-être dramatique, alors, il est typiquement art du malaise, il peut aussi être de science-fiction ou rongé par des idéaux faibles et bas, mais là, de même, il est art du malaise. Je ne vois d'intérêt à sublimer le malaise pour en créer quelque chose d'artistique, puisque cette création est simplement et uniquement le constat de la situation dans laquelle est l'homme.

Aussi l'homme est fondamentalement animal. Il est conditionné pour la Reproduction, tel que je l'ai précédemment expliqué. Ainsi je n'ai aucun doute sur le fait que ce présent texte découle de la Reproduction, même s'il paraît détaché de celle-ci, parce qu'il a subit une longue déviance intellectuelle. Je suis persuadé qu'un homme vivant dans un milieu de tous points de vue parfait ne développerait jamais quelconque faculté mentale.

Auparavant, l'intellect semblait être salutaire, mais désormais dans la société actuelle, de plus en plus, le rêve semble constituer le salut, si bien que nous en arrivons à une société qui s'accroche en vain aux idéaux et aux rêves. Les individus ayant un intellect développé étaient, dans le début de l'histoire évolutive de l'homme, favorisés et reproductifs, désormais, l'individu met son intellect au service de la société et n'acquiert pas pour autant de réelle supériorité reproductive. La société a désindividualisé l'individu, et c'est pourquoi aujourd'hui nous prenons conscience du retour de l'individualisation. L'homme est tiraillé entre une vie sociale obligatoire pour des fins reproductrices, ainsi qu'une vie individuelle également obligatoire pour les mêmes raisons. Ces deux vies tiraillent l'homme, ces deux vies sont intimement liées et ne peuvent exister par elles-mêmes, le bonheur est toujours cru dans l'une d'entre elles, si bien qu'aucune n'est satisfaisante, et si bien que l'homme est condamné à l'errance.

Je vous le réaffirme: l'oubli est le seul salut qui soit véritable.

Le spirituel est finalement si éloignée de l'homme qu'il est condamné a ne jamais l'atteindre. Puisse-t-il seulement s'en approcher !

Et s'il n'y a ainsi d'intérêt à introduire le spirituel chez les hommes, il n'y a donc aucun sens à ma propre existence. Je suis le sacrifié de la constatation.


- à Paris

6 décembre 2005

Un temps est passé, alors il est possible

Depuis trop longtemps – trop pathologique – devenu pathologique mais ayant le pouvoir de l'être dès le premier instant, créateur mais déraisonnable, par malheur ou par défaut, toujours plus délétère et toujours plus resserré, souvent centralisateur et quelques fois d'apparence chanceuse, puis finalement tragique, Cela.

Qui connaît plus grand tourbillon et plus grande force de vie que Cela ?
Cela est une maladie de l'espoir. Le besoin qui transmute le point en point d'interrogation. L'esprit tout entier est une peau de chagrin, et chaque rêve et chaque errance le réduit un peu plus.
En Cela, s'il est heureux, il n'y a de maux qui n'y trouvent de partielles guérisons. L'effet que l'on pense communément de Cela, dit-on, donne permission à la vie, et accès à son dépassement. De Cela d'aucun disent qu'il est nécessaire à la vie et Cela connaît de nombreuses déviances: l'homme ne cesse de vouloir se l'approprier par un moindre effort.
A l'origine était Cela. L'enfance fait entrevoir Cela, l'adolescence s'y trompe à son sujet, la maturité s'y aveugle tout autant, le grand âge ne peux plus l'admirer. Le théosophe semble par fierté s'en défaire, le philosophe n'y touche point, le poète en tire profit par sa propre saturation.
Cela provoque des transports d'esprit qui semblent ne vouloir s'épancher que d'une eau unique et pleine. Cela est un triste pâle sosie du noir, car Cela initie à l'Un qui se satisfait de lui-même sans user d'autre constitution que l'autarcie. Cela pourrait, s'il était accompli et bivalent, devenir une canne et des ailes pour la traversée qu'est la vie.

Cela est un génie de surprise, ne surgit-il pas au terme de détours nonchalants et de marches désintéressées ? C'est ici que Cela devait s'y cacher lorsqu'il nous apparaît farceur. Certaines moqueries opposent plusieurs Cela sur les mêmes terres, et chacun d'eux ne connaît la raison. Hélas, nous savons trop distinctement les finalités de ce jeu : l'attraction de Cela s'amplifie en nous jusqu'à perdre de vue la réalité première.

Cela s'il est mauvais farceur fait parfois imploser l'homme en lui-même, tant, qu'il ne lui reste qu'une fine apparence spectrale. En son être enfermé, Cela semble avoir dévoré l'homme par son intérieur.

Cela suffit. D'avoir Cela, puis aux alentours il n'y a que des objects superficiels, devenus provocateurs sournois, qui rendent l'homme condamné à ne s'entretenir qu'avec Cela.

L'homme de vie (4) en proie aux doutes et aux vices (5) devra surpasser les maux les plus intelligents(6), il deviendra sombre et vérace (7-) car il devinera que le salut prend part en Cela (-8), afin d'acceder au spirituel (9) puis de s'étendre en l'univers (10 ou 1). Et si le spirituel n'était que finitude invitant à un nouveau cycle, et s'il existait un éternel retour plus gigantesque encore ?

Je ne saurais imaginer les hommes dépourvus de Cela. Déjà l'homme est si pauvre de moeurs. Cela lui est l'occupation prioritaire, cela rend un peu plus vivant l'homme des foules et un peu plus navré le spirituel.

La connaissance de Cela est-elle limitée par le niveau de conscience des individus ? Celui exposé à Cela ayant une conscience élevée et ayant une infime douleur causée par Cela souffrira-t-il autant qu'un autre ayant une conscience étroite mais en proie à de forts tourments ?

Il y a des degrés à Cela. Céder à Cela c'est accroître sa domination. [sa= la domination de Cela]

Cela inhibe les actions de l'homme qui ne se préoccupe alors que du dépassement de Cela.

Cela est la chose la mieux partagée, la plus discutée, la plus essentielle. Nous le savons tous, dès que nous le pouvons - bien tôt -, et nous provenons d'un Cela réalisé.

Les engagements que réclame Cela provoquent généralement une paresse – voilà la répétition - puis voilà le désinvestissement. En réalité il faut que ce dont se nourrit Cela lui fasse un grand mal. Si au contraire, nous-mêmes faisons quelque mal à Cela, que de remords devrons-nous porter ensuite !