Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

20 novembre 2005

Face à la frustration

« L'intelligence » permet de développer une réaction qui permet d'amener à un mode de fonctionnement adapté aux changements qu'impose la frustration. Ce n'est, au demeurant, non pas un progrès, mais une évolution.

Par exemple, la constitution des endives est le résultat d'une privation de lumière qui entraîne une modification, qui, sur le long terme, pourrait devenir évolutive.

De même, un rocher en opposition à un cours d'eau, frustrera le mouvement de l'onde et après un certain temps, l'eau en viendra à abraser la pierre – jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de frustration.Ou bien, le cours d'eau changera les formes de son lit.

Pour le minéral et le végétal donc, la réponse à une frustration présente deux visages:
1/ l'opposition surpasse l'élément frustré: l'élément frustré cède (L'intelligence de vie dira « il est préférable de se préserver. »
2/ l'élément frustré surpasse l'opposition: l'opposition cède.

Le monde animal ne diffère. Les réponses peuvent être plus rapides, suivant la vélocité de l'animal et suivant les circonstances, si la réponse est de type 1/ ou de type 2/.
Exemple: Deux mâles s'affrontent pour ravir une femelle, un mâle est défait, celui-ci devient frustré.
Il va y avoir répercussion: le mâle en question apaisera sa frustration en dominant d'autres mâles plus faibles ou en se « rabattant » sur d'autres femelles. C'est ce que j'appelle le choc en retour. Celui-ci en général provoque des effets négatifs.

Et voilà la différence qui sépare les corps minéraux ou végétaux des corps « animés ».
Chez les minéraux/végétaux, la frustration se résout sans qu'il n'y ait de « choc en retour ».
Chez les hommes et chez beaucoup d'animaux relativement « évolués », la frustration ne peut parfois trouver de résolution immédiate et définitive: le choc en retour remplace.

Voyons les causes de la frustrations: quelles sources ?
Ce sont les nécessités de vie (et par-là, d'évolution).
Il y a donc (i) les nécessités physiques (s'alimenter, se reposer, se reproduire...), et (ii) il y a les nécessités d'évolution (accéder à un niveau social élevé, posséder, penser, ...tout ce qui amène à une meilleure reproduction et à de meilleures chances de survie de l'espèce).

Qu'il y ait résolution pour tous les individus qui vivent de toutes les frustrations est donc impossible, et dans ce cas il y aura toujours des effets pernicieux. Ces effets, qui, au demeurant, sont encadrés par la préservation de la vie d'une part, et la morale de la société d'autre part.

Le bouddhisme suggère de désamorcer les désirs et besoins de vie (i, ii). Certains yogi défiant même la nécessité d'alimentation par des expériences de jeun.

Cependant, est-il possible de venir à bout de toutes les nécessités de vie? Renier la vie, n'est-ce pas renier les accès qu'offre la vie pour la connaissance du spirituel ? Que peut-on envisager alors pour ne pas produire d'effets néfastes lorsque l'on s'oppose à la frustration ?

Dans l'optique où le salut se trouve dans le sortir de l'éternel retour – le dépassement des forces de la vie et l'accès au spirituel; puisque nous sommes dans la vie, nous ne pouvons que nous accorder à elle et en faire bon usage, c'est à dire, l'utiliser pour ouvrir au mieux les accès vers le spirituel.

Car en toutes choses de vie il y a une partie spirituelle– un pourcentage bien relatif mais existant, il faut ne considérer avec intérêt que cette parcelle. En engageant une harmonie entre nous et la vie – par son usage à bon escient, nous voilà déjà plus avertis quand aux effets pervers de la frustration.

Alors comment convenir avec la frustration ?
1/ en accepter son existence (pour ne pas l'ignorer !),
2/ la rendre futile, ne pas lui accorder de crédit; connaître ses charnières et la considérer comme normale à la vie.
3/ trouver une certaine harmonie en évitant le refoulement: déplacer l'objet qui aura le choc en retour d'une frustration vers un autre objet – ainsi il y aura en général moins d'effets négatifs.(exemple sommaire: au lieu de s'acharner sur untel, lui préférer le punching-ball... on pense ici à l'acharnement haineux, il existe aussi -plus subtil- l'acharnement sentimental, « l'acharnement aimant », tout aussi néfaste (tout excès l'est): cet acharnement entraîne des situations ou paroles faussées.)
4/ tenter d'identifier et de résoudre toute frustration – pour qu'il y ait harmonie. L'harmonie est un accès privilégié au spirituel. La frustration irrésolue engendre une autodestruction et cela n'est pas harmonieux.
5/ Aux grandes frustrations ils faut opposer l'art. (fuite artistique). Le spirituel dépasse la vie.
6/ Une frustration trouve son repos lorsqu'elle est assouvie de même que la faim trouve le sien lorsque l'on est rassasié. Cela est valable pour l'ensemble des frustrations. Plus haut, j'expliquais comment affaiblir le choc en retour et les frustrations d'évolutivité, mais non comment annihiler la frustration en elle-même. Est-ce à dire que les besoins vitaux ne sont pas annihilables et que nous pouvons seulement temporiser les besoins évolutifs par la raison et par les procédures susdites ?

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