Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

26 septembre 2005

Nous rêvons que nous festoyons ; l'aube venue, nous pleurons. Au soir, nous pleurons, le lendemain matin, nous partons à la chasse. Pendant que nous rêvons nous ne savons pas que c'est un rêve. Dans notre rêve nous expliquons un autre rêve, et ce n'est qu'au réveil que nous savons que c'était un rêve. Et ce ne sera qu'au moment du grand réveil que nous saurons que c'était un grand rêve. Il n'y a que les sots qui se croient éveillés, ils en sont même parfaitement certains. Princes, bergers, tous uns dans cette même certitude ! Confucius et vous ne faites que rêver ; et moi qui dis que vous rêvez, je suis aussi en rêve.

Zhuangzi

24 septembre 2005

Paradoxes et paradigmes


« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien pleins de magnificence, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos, bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent, sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond."

Tchouang-tseu



"Qu'ils calomnient, qu'ils médisent
qu'ils brûlent le ciel, peine perdue :
Je bois leur cris comme de la rosée !
Purifié, je fonds dans l'Impensable."

Xuan-jue


"Il n'y a rien à faire qu'à attendre que le poison légué par l'Histoire se soit complètement dilué et que la vie se renouvelle. Mon erreur a consisté à tenter de traiter un patient en phase terminale : au bout du compte ce sera toujours l'échec. Dans un monde où règne l'ignorance, penser devient un crime. Rappelez-vous bien cela. Prenez exemple sur les sages des temps passés qui ont feint la folie et agi comme des insensés ! Car celui qui n'agit pas comme un insensé aujourd'hui finira par être un salaud comme les autres."

Wei Jingsheng, Lettres de prison, 1998


Qing-Zhao (1084-1141)

"Le parfum des lotus rouges faiblit
déjà la natte sent la fraîcheur d'automne.
Ma robe de soie légèrement dégrafée
je monte sur la barque d'orchidée.
De quel nuage attendre un message ?
Au passage des oies sauvages
Seule la lune inonde le pavillon d'Ouest."


"J'ai construit ma hutte parmi les hommes
Et pourtant nulle agitation ne me dérange.
Comment est-ce possible, je vous le demande un peu !
La solitude est dans le coeur, ce n'est pas affaire de distance.
Cueillant des chrysanthèmes au pied de la haie,
Je lève le regard vers les monts lointains.
L'air de la montagne est beau le soir,
A l'heure où rentrent les oiseaux.
Une vérité gît au coeur de tout ceci :
Je voudrais la fixer mas je ne trouve pas de mots."

Tao Yuanming



"Il faudra de plus en plus, s’habituer à toutes ces exceptions, à ces noms (même sans signature) qui signalent ce qu’on pourrait appeler les réussites de l’individuation. Les artistes ne se dévouent pas à l’ensemble humain, ils en sortent. C’est cela qui choque un refoulement de fond ? Mais oui. Le Puritain est avant tout quelqu’un (ou quelqu’une) qui répugne à cette conception des « coups heureux » de l’espèce humaine. Il veut du collectif. Donc de la fausse histoire. Une « Histoire de l’Art ». De même il se rassure en se racontant qu’il y a une séparation bien nette entre écrire et vivre, travail et débauche, sexualité et pensée. Pour lui ce doit être l’un ou l’autre. Le Puritain (ou Puritaine) est clérical (ou cléricale) en ceci qu’il veut croire que les « artistes », inaptes à vivre « réellement » (la réalité c’est lui ou elle) sont, malgré tout, des sacrifiés utiles. Des rédempteurs rentables. L’artiste doit finir mal, son existence ne peut être qu’un puits de névrose ou d’enfer, il a expérimenté des choses dangereuses pour nous, il est devenu fou à notre place, on en tremble encore, c’est vraiment héroïque de sa part. Malheur à l’artiste qui laisserait entendre qu’il n’est pas candidat au martyre, ni au poste de saint laïque pour assurer de son mieux la rédemption communautaire. Le voilà trop anticlérical, que le clergé soit en uniforme ancien ou pas. Il y a toute une gamme de cléricaux : le religieux d’autrefois, le bourgeois, le progressiste, le militant, l’universitaire, le médiatique, le politique. Sur ce point précis, ils sont tous d’accord. Vérifiez."

P Sollers, extrait de Vivant Denon, le cavalier du Louvre.


"Il y a un moment dans les batailles, où, dans une lutte égale, les deux parties sentent l’inertie de leurs moyens et l’inutilité de leurs efforts ; où l’épuisement des forces, et le sentiment de conservation, inspirent aux combattants un même penchant vers la retraite. Ce moment de relâchement, saisi par l’homme supérieur qui sait profiter de cette disposition morale pour employer les moyens qu’il a su réserver, détermine toujours la victoire en sa faveur."

Vivant Denon


Plus le corps est une limite consciente, plus l'esprit est illuminé.
Sollers


Nos pensées sont les ombres de nos sentiments, elles sont toujours plus obscures, plus vides, plus simples que ceux-ci.
Nietzsche


Truc de prophète. – Pour deviner à l’avance les façons d’agir d’hommes ordinaires, il faut admettre qu’ils font toujours la moindre dépense d’esprit pour se libérer d’une situation désagréable. (Nietzsche)

L’infériorité de l’esprit se mesure à la grandeur apparente des objets et des circonstances dont il a besoin pour s’émouvoir. Et surtout à l’énormité des mensonges et des fictions dont il a besoin pour ne pas voir l’humilité de ses moyens et de ses désirs. (Valéry)


Citations

Les inédits de Bukowski

Oh, oui
il y a des choses pires que
d'être seul
mais ça prend souvent des décades
pour s'en rendre compte
et le plus souvent
quand vous y arrivez
il est trop tard
et il n'y a rien de pire

que
trop tard.

Traduction : Éric Dejaeger

OH, YES
there are worse things than
being alone
but it often takes decades
to realize this
and most often
when you do
it's too late
and there's nothing worse
than
too late.
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 100.



Ecrire par fragments : les fragments sont alors des pierres sur le pourtour du cercle : je m’étale en rond : tout mon petit univers en miettes ; au centre, quoi ?

Roland Barthes.



Le long des pics qui dominent la rivière Bleue
Le courant de chrysanthèmes d'or et de graines de
troène
Engendre une nouvelle trahison
Mieux vaut pleurer une nuit sur l'épaule de l'amant
Que de s'exposer mille ans, sur le pic


Shu Ting, Juin 1981, sur le Yangtsé



Le Dao

"Il habite le sans aspect,
Il réside dans le sans lieu,
Il se meut dans le sans forme,
Il se tient en repos dans l’incorporel,
Il existe comme s’il n’était pas, vit comme s’il était mort,
Sort du sans intervalle et y pénètre.

Le Dao est si haut que rien ne lui est supérieur,
Si profond que rien ne lui est inférieur,
Il est plus plan que le niveau, plus droit que le cordeau,
Ses cercles sont plus ronds que ceux des compas,
Ses angles plus précis que ceux de l’équerre,
Il embrasse l’espace-temps si bien que rien ne lui est intérieur ni extérieur,
Il communique avec le ciel et la terre sans rencontrer d’obstacle.
Aussi celui qui fait corps avec lui n’éprouve-t-il ni peine ni joie
Ne contient ni contentement ni colère,
Il veille sans inquiétude et dort sans rêve,
Quand les êtres apparaissent il les nomme
Quand les événements se produisent il leur répond"



"Dans la pensée toute chose devient solitaire et lente" Heidegger





L'ermite parle
L'art de fréquenter les hommes repose essentiellement sur l'habitude (qui suppose un long excercice) d'accepter, d'absorber un repas dont la préparation n'inspire pas confiance. En admettant que l'on vienne à table avec une faim d'ogre, tout ira facilement ("la plus mauvaise compagnie te permet de sentir-comme dit Méphistophélès) ; mais on ne l'a pas, cette faim d'ogre, lorsqu'on en a besoin ! Hélas ! combien les autres sont difficiles à digérer. Premier principe : prendre son courage à deux mains, comme quand il vous arrive un malheur, y aller hardiment, être plein d'admiration pour soi-même, serrer sa répugnance entre les dents, avaler son dégoût. Deuxième principe : rendre l'autre "meilleur", par exemple par une louange, pour qu'il se mette à suer de bonheur sur lui-même ; ou bien prendre par un bout ses qualités bonnes et "intéressantes" et tirer jusqu'à ce que l'on ait fait sortir toute la vertu et que l'on puisse draper l'autre dans ses plis. Troisième principe : l'autohypnotisation. Fixer l'objet de ses relations comme un bouton de verre jusqu'à ce que, cessant d'éprouver du plaisir ou du déplaisir, l'on s'endorme imperceptiblement, que l'on se raidisse, que l'on finisse par avoir du maintien : un moyen domestique emprunté au mariage et à l'amitié, abondamment expérimenté et vanté comme indispensable, mais non encore formulé scientifiquement, Son nom populaire est -patience.
Nietzsche, le gai savoir.

17 septembre 2005

Reflexion (10 avril 2005)
















Je regarde ce que je pense donc:
Je regarde ce que je pense qui regarde ce que je pense , etc , etc
De ce regard, il devrait générer "l'individu".
Est-ce donc cette zone indescriptible, invisible, insensible, qui fait que l'on ne sait ce que l'on est ?
La réflexion est le regard sur la pensée:
Non pas: je pense à
mais : je pense que je pense à, etc
L'infini de la réflexion grise les penseurs, les fait assoir leurs crânes sur la paume d'une forte main.
La réflexion induit une mémoire. Mais, indiscernable et aérienne, cette mémoire est mélancolique.

Comme ceci:















Voila qui est dit. Mais c'est une chose que l'on sait, ou que l'on a un jour eut idée.

Au début du siècle vivait au Tibet un maître du nom de Mipham. C'était une sorte de Léonard de Vinci de l'Himalaya et l'on dit de lui qu'il inventa une horloge, un canon et un avion. Chaque fois que l'une de ses inventions était achevée, il la détruisait en disant qu'elle ne serait qu'une source de distraction supplémentaire.


C'est notre vie qui semble nous vivre

J'aime beaucoup cette vieille histoire tibétaine intitulée Le père d'"Aussi Connu que la Lune". Un homme très pauvre, ayant durement travaillé, avait réussi à amasser tout un sac de grain. Il en était très fier et, quand il rentra chez lui, il accrocha le sac à une poutre de sa maison au moyen d'une corde, pour le mettre à l'abri des rats et des voleurs. Quand le sac fut suspendu, pour plus de sûreté, il s'installa dessous afin d'y passer la nuit. Allongé là, son esprit se mit à vagabonder: "Si je peux vendre ce grain par petites quantitées, j'en tirerais un plus grand profit... Je pourrai alors en acheter d'autre et recommencer la même opération; d'ici peu, je serai riche et je deviendrais quelqu'un dans la communauté. Toutes les filles s'intéresseront à moi. J'épouserai une belle femme, et, bientôt, nous aurons un enfant... Ce sera un fils, évidemment... Comment pourrions-nous bien l'appeler ?" Laissant son regard errer dans la pièce, il aperçut, par la petite fenêtre, la lune qui se levait.
"Quel signe !" pensa-t-il. "Voilà qui est de bon augure ! C'est un nom parfait, vraiment: je l'appellerai "Aussi Connu que la Lune"..." Mais, tandis qu'il spéculait de la sorte, un rat s'était frayé un chemin jusqu'au sac et en avait rongé la corde. A l'instant même où les mots "Aussi Connu que la Lune" sortirent de ses lèvres, le sac de grain tombé du plafond, le tuant sur le coup.

La parole mélancolique

http://www.unibuc.ro/eBooks/filologie/melancolie/

Au travers de Cioran, Constantin Zaharia découd les ficelles du discours fragmentaire.

Table des matières:

AVANT-PROPOS

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

LA TENTATION FRAGMENTAIRE

1. A la recherche de l'identité fragmentaire

2. Fragment et système

3. Fragment et totalité

4. Y a-t-il un genre fragmentaire ?

- La littérature à rebours

- L'aphorisme

CHAPITRE II

LA MÉLANCOLIE À LA LETTRE ET DANS TOUS LES SENS

1. Avertissement

2. Le rire de Démocrite

3. Le Problème XXX,1

4. Au-delà des péripatéticiens

5. Dürer et le nouveau symbolisme de la mélancolie

6. Après Dürer

7. La mélancolie dans le discours médical des XIXe - XXe siècles. Quelques remarques

8. Un concept polymorphe

CHAPITRE III

LES MÉLANCOLIES DE CIORAN

1. Le moi

2. Le vide

3. La mélancolie, la tristesse, la folie

4. L'acédie

5. L'ennui

6. La marge et le centre

CONCLUSION

Sans doute la raison la plus profonde de notre peur de la mort est-elle que nous ne savons pas qui nous sommes. Nous croyons en une entitée personnelle, unique et distincte; pourtant, si nous avons le courage de l'examiner de près, nous nous aperçevons que cette identité est entierement dépendante d'une liste interminable de données, telles que notre nom, l'histoire de notre vie, nos compagnons, notre famille, notre foyer, notre travail, nos amis, nos cartes de crédit,...
Mais lorsque tout ceci nous sera enlevé, aurons-nous alors la moindre idée de ce que nous sommes vraiment ?


Le livre tibétain de la vie et de la mort
, Sogyal Rinpoché, Editions de la table ronde

15 septembre 2005

Archives carnets

Elle parle à voix bleue.

-Toute profondeur d'esprit est superflue/illusoire : il n'y a rien que 'simplicité', cette fée de la haute conscience.


Le centre de l'être est une sphère, tel le noyau terrestre... ou le noyau de diamant d'étoiles supermassives...


Ce que je veux dire, c'est qu'il y a inversion, tu sais, les choses ne vont pas, de la sorte.

"Ce qu'on ne peut pas dire, il faut le taire"
Wittgenstein


I was always there
When you run away,
I was always there
But you never choose the key.


L'homme rend certaines choses bonnes et heureuses, ne l'étant, il n'y a qu'une chose, entendez-le, qu'une seule chose, ...

L'homme se trompe tant et si fréquemment qu'il suffit souvent de le contredire pour avoir raison et s'approcher de la vérité.


"Face à face Monde et Sens, Etre et temps."
Quignard, Abimes, p.24


"Speude bradeos"
(Hâte-toi lentement)
En latin, Festina lente
Empereur Auguste,in idem, p.35


"Bien des bêtes collectionnent les objets. Le seul objet qui se cherche vraiment, dans tous les objets qu'on accumule, est perdu."
idem, p.40


Deinos anèr (homme terrifiant)
Cicéron


Le retour hallucinatoire de l'expérience de satisfaction est la première actrivité psychique.
Idem, p.47


En grec noèsis et nostos sont de même souche. Penser c'est regretter.
idem, p.49

Adspicies oculos tremulo fulgore micantes ut sol a liquida seape refulget aqua. (Ovide)
in Quignard, p.20

Dans la volupté se perd le désir d'être heureux. plus on s'abandonne tout entier au désir, plus le bonhuer est presque là. On le guette et toute l'erreur consiste en ce point. On s'attend à sa rencontre. On le pressent. On le voit soudain; on l'attend encore plus; il s'approche; il arrive. En arrivant il se détruit. Cet argument permet de comprendre les décisions de la chasteté. Ce désir est lié au perdu sans limites.
(57)

C'est agréable d'abandonner
Abandonner c'est partir
Il faut toujours partir
Le plaisir c'est: je pars.
(59)

On appelle temps réfractaire la période durant laquelle les animaux sexués et mâles après avoir émis leur semence, cessent d'être sexuellement réactifs à toute approche et à toute excitation. le temps réfractaire sexuel fonde le temps mort social.

(64)

Je me dirige vers les eaux où ma barque à déjà naufragé. (Ovide)

Dans ma vie lles coups de foudre d'antipathie arrivaient à une vitesse interstellaire. J'étais à chaque fois médusé de haïr à ce point des êtres que je découvrais.
(94)

Les parents cessent d'être dévorés sous les yeux des enfants.
Les enfants les cachent.
(112)

Nos valeurs font nos humeurs.

"Ne prête pas attention à moi car je ne souffre pas du même problème que moi. " (relevé sur un forum)

My love isn't a kind of pressure detector.

C'est un peu la même chose, je crois que je suis un papillon de nuit qui tourne autour de la progressive, jusqu'à s'y satelliser, etc

Au bon sens s'ajoute le sens de la vie biologique, ou évolution, qui n'embrasse qu'un concept creux: l'utilité. Il n'y a d'utilité qui soit
réelle, ce qui vit est faux, ce qui vit est continuité, ce qui vit est inutile.


A partir de ce moment crucial, symbolisé par l'épisode de la Tour de Babel, l'humain n'a plus accès à la totalité du message primitif. Elle n'en a plus que des fragments éclairés, mais chacun des participants de cette humanité prétend en détenir la totalité, ce qui explique assez bien les discussions et les guerres idéologiques ou sanglantes (...)
Druides et chamans, J. Markale, p.12

Nous sommes des paquets d'existants jetés sur terre sans savoir comment ni pourquoi.

Héraclite inventeur de la dialectique à trois termes: thèse, antithèse, synthèse.


Quand Shakespeare fait dire à Hamlet: "To be or not to be", il savait parfaitement ce que cela signifiait. Mais la traduction française "être ou ne pas être" est un non-sens. Le verbe anglais to be, apparenté au gallois bydd, et au breton bed, termes qui désignent le "monde", un "monde organisé, visible, relatif", est l'équivalent du français"exister". Il n'a jamais eu le sens d'être.Quand Hamlet pose cette célèbre question, il ne fait allusion qu'à la présence humaine dans le monde des relativités.

La Bible hébraïque, rédigée peu avant l'ère chrétienne, n'est qu'une réécriture de données traditionnelles plus anciennes remises au goüt du jour. Les Evangiles, canoniques ou non, ont été rédigés (en langue grecque) une centaine d'années après la mort du Christ d'après diverses sources. En latin, cela se dit secundum , "selon"...)
Et quand on sait que ces récits évangéliques ont été écrits pour servir d'illustrations aux Epîtres de saint Paul (l'authentique fondateur du christianisme), on peut se poser d'innomnbrables questions qui ont toutes les chances de demeurer sans réponses. Ce flou artistique (...)


"Je décris, je définis, et je désire ces fleuves, elle les nage."
Julio Cortazan, Marelle


Dès l'époque grecque est établi un lien entre génie et folie, réactivé non seulemen à la Renaissance, puis à l'époque romantique, mais encore dans toute la odernité, qui voit dans la traversée subjective d'une expérience de ruine de soi et du monde la condition de l'activité créatrice.
La mélancolie et des destins, Anne Juranville, p.9 (
lire absolument !)


En effet, avant de désigner un état pathologque, la mélancolue est une disposition psychique caractérisée par une aspiration à "l'absolu". Un tel absolu se dit en termes de qupetes d'unité ("aspiration à une unité qui soit réalité" (...)
P.16

Chez celui qui à un tempérament mélancolique, "l'insatisfaction causée par le fini est spécialement vive."
P.17

"Le point capital: la limite, l'élément proprement humain".

bile noire= melaina chole

Empruntant à Platon la notion de folie divine, Aristote, dans Problemata XXX, estimait qu'il accompagnait les vocations héroïques, le génie poétique ou philosophique; comme chez les personnages mythologiques d'Héraclès, de Bellerophon ou d'Ajax, le tempérament atrabilaire prononcé caractérise les hommes hors du commun.
P.24

La grande intelligence englobe
La petite intelligence discrimine
(Tchouang-tseu)

De petites appréhensions engendrent l'agitation et l'inquiétude, de grandes appréhensions engendrent l'inertie et la paresse. (Tchouang-tseu semble m'avoir connu ?)


En prenant ses préjugés pour maîtres, qui de vous n'a pas de maîtres ?
Dans ces conditons, est-il besoin de reconnaître un autre comme son maître ?
idem







6 septembre 2005

Carnet de Toscane

Clartés de la rue au travers d'un voilage passé.
***
Matin. Des rêves oubliés ont lavé mon cerveau, ce débile. De grands murs. Ciel blanc derrière les voilages. Je mets à jour la liste de mes regrets. J'imagine un peu. Je gravis des pics d'imagination, priant pour qu'ils se prolongent en rêves, mais cela n'arrive pas. Les marées du sommeil sont imprévisibles
***
Cette capacité à croire, ce doit être le dernier cri de l'homme pauvre, et le scepticisme, la première erreur de l'homme nouveau, avais-je cru. Mais il n'y a pas d'homme nouveau, les plus belles paroles ont déjà été dites, enfin je l'eu cru. L'amas d'inepties qu'avais-je alors formé m'avais fait arrêter de croire, comme certains arrêtent de fumer, maintenant, maintenant, je ne crois plus, je ne pense qu'à des choses fictives. Je ne veux penser qu'à des erreurs béates, car grâce à cela je ne croirais plus en rien, je serais nouveau, cela c'est rigolo.
***

Parallèlement et un peu plus tard, je me dis que ces gens ont vraisemblablement des sortes de sphères psychiques, suspendues au dessus d'eux, et refermées par un couvercle, car chacun de nous est -borné-, dans son corps, dans son -state of mind-, dans sa constitution psychique. Je soupçonne ces gens d'être trop personnels, dans le fait qu'ils sont justement curieusement bornés, et que cela ne suffit pas pour leurs individualités,oui, le fait que chacun est différent ne leur suffit pas, ils veulent faire comme chacun fait. Sans doute, devons nous laver à eau vives les détritus qui jonchent nos couvercles, qui nous empêchent de voir au travers, qui nous empêchent de nous-mêmes nous voir. Comment sinon être éclairé ? Jusque là, une impression qui m'est fidèle m'assagis: nous -ne pouvons être autre chose que nous-mêmes-. Cette impression est un charnier si grand que personne n'a su le traverser, sans y périr : cette impression dépeint la cause de nos affrontements...C'est l'homme nouveau, l'homme dépassé, qui sera le premier à pouvoir passer par-delà. L'animal ne sait ce qu'il est, l'homme ne sait ce que l'autre est.


***
Je ne suis pas un par nature, j'y ai été contraint par un geste astral, par la force des choses, ceci est la sagesse en pratique. Espérant trop, il me manque trop, trop de pièces pour construire mon grand puzzle, je ne distingue pas même le motif principal, mais j'ai assemblé toutes les pièces sombres, il me faut du bleu, du ciel, oui, c'est cela qu'il me faut maintenant.
***
Soyons réalistes, rire ne mène à rien, et l'objet de mes rires mène-t-il à quelque chose ? En l'état, je ne crois pas. Je ne sais pas vraiment que penser, vraiment; s'il faut me rappeler certaines phrases, ou d'autres. C'est indigne de moi, raisonner par ces détours. Oh, je ne voudrais plus m'asseoir sûr des pensées en langouste, je voudrais mettre un terme à mes questionnements ubuesques. Dites, en quelle langue cause le Malin, juste, il fait un peu chaud, s'il voulait ne plus jouer avec ses allumettes, ce serait une comédie en moins.
***
[6h24] Rêves extraordinaires. J'ai rêvé mes souhaits les plus fondamentaux. Il s'agit naturellement d’... oublier, d’oublier vraiment, jusqu’aux cernes d’illusions établies, jusqu’aux sables mouvants, jusqu’aux cernes des sables.
***
Je regarde les murs souvent, ces grandes plaines blanches, grandes plaines pensantes, où je fais sécher ma cervelle et pâtir l'imaginaire, souvent j'y ai marché... Souvent aussi, je ne parviens pas à m'assurer que celui qui me converse en moi est le -véritable moi. En réalité je sais peu sur moi-même, je me représente par un ensemble de manies et sensations personnelles dans lesquelles je me retrouve, mais autrement, ne suis-je peut-être qu'une machine à générer du hasard parmi l'imprédictible fresque de vie ? Depuis mes temps les plus archaïques je ne suis qu'à la recherche de satisfaire la seule obligation que j'ai envers moi-même: -disparaître en. J'ai jusqu'alors pu disparaître en des lubies diverses, de ce fait le colimaçon que je suis avait le gîte d'une coque d'albâtre, mais cela ne dure qu'un temps. Aussitôt usé, je du changer et changer: car je ne résiste à la dureté de la lumière pleine, je suis un voyageur de la disparition, ce qu'aussi j'appelle l'oubli (en quelque chose).
Les grandes époques se relaient et reviennent dans des habits frêles et brefs: des feux, et mieux encore: des feux follets.
Sur le champs - je m'ordonne entre des respirations saccadées par ma peine: tu dois disparaître en, ou des rayons purs brûleront ta chair natale. Chose suppliciante de ne plus pouvoir disparaître en- des passions, mais en- la passion. Ceci est mon attente, ceci est mon attente indéfinie.
***
Trois choses chez une personne sont dans un premier abord des sources d'attirances, (humainement parlant): le mystère, la chaleur, et la similarité idiolectale. J'entends par ces termes: le mystère: ce que l'autre dissimule ou semble dissimuler, les paysages merveilleux qui semblent exister, car, plus l'autre semblent avoir d'horizons différents, plus il nous attire. (Dans l'optique que nous allons vers les autres pour emplir un manque personnel - c'est pourquoi tout est égoïsme actif/passif.) Le mystérieux fera appel en nous à bien des manques, ainsi il y a source d'attirance. Comme un aimant agit un secret. Deuxième source, la chaleur: c'est ce que nous apporte l'autre, plus précisément, l'intérêt qu'il nous amène, le chaleureux est intéressant car nous l'écoutons. Même si certaines paroles sont creuses, il y a certes un intérêt. Le chaleureux, c'est aussi l'extraverti, qui nous apporte une chaleur humaine, un soutien, une écoute. Dernière des sources d'attirances, l'idiolecte similaire au notre, ou complémentaire. Quelqu'un ayant une attitude semblable à la notre, nous fera penser que d'autres aspects de notre personne se recoupent en lui. J'inclus dans cette catégorie l'attirance physique.
Tout ceci n'est pas valable dans des rapports d'attirances fondés sur des valeurs in-humaines, c'est à dire, un manque non-psychique. Le manque d'argent, par exemple.
Par récurrence, le triste n'attire -normalement- pas: il affaiblit le mystère, il réfrène la chaleur, il tempère son idiolecte. C'est une de mes plus vives contradictions personnelle, j'aime le mélancolique je fonctionne en négatif sans l'être par conviction - sans être de conviction négatif (dans le premier sens du terme).
***
Mes sentiments forment des cercles, des tournoiements de grandes hélices, mes sentiments sont une grande éolienne, l'air divisé rugit et tournoie comme une grande hélice - et les pales blanches - pales immenses me divisent.
***
Notes
[1h09] Origan et voiles bordeaux, images intérieures et lumières douces et lumières liées. [1h09] Voici une atmosphère vanillée. Ce n'est pas la mienne. J'entre.

C’est une modeste maison d’angle. Au croisement de deux ruelles, c’est une flèche qui pointe vers le centre du village, légèrement moins haut placé. Angles aigus, volets rouges, pavés. Les échos de la vallée frémissent ici. Les portes sont lourdes. Une mezzanine sous le toit. Les hautes fenêtre sur une façade recouverte de mousse sont frappantes. L’atmosphère est légère, avant la nuit, il a plu. Bleus parfumés. Les iris éclosent sous les charmes tortueux, qui entourent la maison. Quelque part, il est un ruisseau.

J’ai depuis longtemps connu l’ivresse des profondeurs. Elles ont été ce que je n’ai jamais été, c’est-à-dire, moi-même. Elles ont permit à l’accomplissement d’éteindre sa chandelle. C’est plutôt bon signe, l’œil ainsi s’habitue à la vision de nuit. Je pensais cerner les étoiles dans leurs sarcophages d’huile. Cerner dans le sens, déterrer, enterrer, jusqu’à ce que je ne veuille plus rien voir. C’est la cécité créatrice, l’ennui dans les signes divins, qui me rend indemne. Je fus assez idiot pour concevoir que rien de ce monde n’est divisible. Alors, tout est empaqueté jusqu’à la mort. Et tout s’emmêle, rien ne se sépare, sauf…l’intrus. Je pense avoir fait germer de ces inepties dans mon sol mélangé. Je sais aussi que rien n’est plus vierge. Tout est florissant ? Croître n’est ni gratifiant, ni honorifique. J’aurais tant aimé que tout s’élève, que tout se succède, que chacun rie et pleure, que nous tous disparaissions dans le temps et l’eau. Mais la quantité d’intrus ici nourrie les vermines aquatiques. L’eau est infecte, je ne me noierais pas dans une flaque. L’air n’est plus respirable, je ne me noierais pas dans un nuage. Chacun n’a plus le sens de la vie, les fleurs germent à l’envers. Les arbres ne produisent plus que des racines et n’iront plus aux bois. J’avais dans mon cœur le souffle universel. Rien de cela n’existe plus. Entre nous, nous communiquons en faisant des signes de racines.

L’Oracle et sa tante.

1- Il était (ce fut dit) un oracle, et sa tante. Celle-ci riait des préjudices qu’il exerçait sur les esprits faibles. Il comprit et vint à sa rencontre, lui tendit la main et dit : « Je ne porte aucun malheur, mais la vérité, au devant des ignorants. J’ai toujours eu raison. » La tante de celui-ci, riant toujours, décida de quitter ce lieu, sans jamais plus y retourner. Son rire avait ouvert une faille inconnue, il possédait son intention. Elle à l’inverse, n’avait idée de son intention. Le lendemain, elle s’allongea sous un oranger et songea à sa déconvenue. Puis elle ne put penser à cela maintenant, un fort vent s’était abattu sur les collines avoisinantes, et le frêle arbrisseau ne pourrait tenir sa position plus longtemps. La tante décida alors de reprendre route : il fallait s’abriter. Elle pensa à l’étalage des solutions qui se présentaient devant elle et choisit de revenir sur ses propres pas, en effet, elle n’allait nul part. La nuit se pencha sur elle, des animations qui tournoyaient tels des papillons de nuit autour de sa conscience l’emmenèrent jusqu’à l’habitation de l’Oracle. Elle retourna ainsi vers son lieu premier qui désormais fut l’instant du regret. Elle s’assit puis s’allongea dans la demeure de l’Oracle, puis soupira.
Simplement, l’Oracle avait disparu..

2- Ce qui précéda son retour ne se situe dans aucune des illusions qu’elle se faisait sur l’ensemble du monde, en point de fuite devant elle. Elle sourit. Elle choisit d’intervertir son image à sa déconvenue. Sa déconvenue désormais, était son image qui scintillait devant elle. Cela ne la dérangeait nullement, son habitude à l’échec était devenu son mode de vie. Alors, elle s’empara d’un bâton. L’Oracle, l’ayant laissé comme toujours dans un coin de pièce, ne réagit pas en la voyant se saisir du moyen de ses perfidies. L’Oracle qui n’était pas, semblait être dans l’ombre de la tante. La tante espérait de ce bâton qu’il en sorte un peu d’anormal, une asphodèle de lumières, quelque chose. Ce qui devait se faire ne se fit pas, et bientôt l’immensité de l’univers se figea en elle. Sans comprendre pourquoi rien ne se passa, et pourquoi tout arrivait, elle déposa la canne de l’Oracle, qui étant là, toujours n’était pas. Lorsqu’elle prit la fuite, le ciel était calmé. L’oranger, lequel lui avait dispensé un peu de son ombre, n’était plus reconnaissable. Elle le vit choir au sol et nager dans la verdure environnante qu’il protégeait jadis. Son regard ne lui fut d’aucun secours. Rien n’était plus.
Elle gesticula, et partit. Elle ne comprit pourquoi jamais ensuite elle ne put comprendre. Sa pensée n’était plus reconnaissable. Elle attendit. L’attente ne put se déclencher. Jamais elle ne se fit. Soudainement prise de panique, elle rit.

C’était une longue nuit. Il faisait froid. Je ne sais pas si c’était lié, la température et la durée des choses. Mais on aurait dit que ça n'aurait pu être autrement, comme la couleur des objets, c’était toujours la même, et maintenant, tous les objets qui m’entourent sont de la même couleur, ils ne s’animent pas, ils m’inquiètent, leur proximité, ils m’intègrent dans leurs dimensions. Et le temps s'allonge, le temps de guimauve entre en moi, se loge dans les creux de ma lucidité… Et je sais plus comment et à quoi je me tiens, si je me tiens encore, tellement je suis accablé ou pesant, tellement je ne me tiens plus parmi mes objets. Je suis la possession de ces objets-là, ne pouvant être sans ces réminiscences et ces corps, il est vrai, je ne pourrais être tant moi-même… Dans les artefacts de mes objets, qui m’occupent, qui me tirent à eux, et m’ôtent de moi-même ma capacité à la réflexion, ils me contraignent à penser à eux…et quand je pense, c’est obligatoirement à un objet courant. Dans ma multitude d’objets, passent de nombreux projectiles qui m'emportent dans leurs sillons, ils changent les faciès de ce que je suis, et ce, contre mon gré ! Il y a aussi certains corps-objets qui gravitent, d’attirance supérieure et en lesquels je suis prisonnier…, je les appelle états d’esprit, je les appelle névroses. De penser cela [une chose quelconque], et cela [telle autre chose quelconque], à ce moment-ci, puis maintenant, puis demain, c’est une principale source de non-être [ne pas être soi]… ce que je pense devrait être ce que je suis, et pourtant, de penser à telle chose, c’est attacher toute une mécanique à l’objet, tellement elle s’y lie et y adhère ses engrenages que, je suis retiré à moi ! Voilà pourquoi je ne suis que par l’oubli. Ne pas être la pensée d’un objet [« pensée objective »] qui se projette en moi par la force, y résister, ceci est mon idéal, le véritable oubli, non celui qui est de disparaître en quelqu’un, ou en un paysage ou dans la musique par exemple, mais celui bien réel de disparaître dans ce que je suis réellement, ceci est l’objet de mon aspiration aux idéaux… Mais, sans les objets qui créent une réflexion en moi-même, que peut-il rester de mon être [de ma "conscience d'être"] ? Devrais-je toujours penser à un objet quelconque pour que cette pensée soit devenue ce que je suis[1], et que de cet endroit je veuille m’en retirer à cause du mal-être de l’esprit qui n’est pas libre ? On ne pense que si la pensée s'attache à un objet, ainsi, en pensant, je ne suis pas, je suis une projection aliénée, soudée à cet objet par un flux qui me fusionne à lui… Par la pensée, j’existe en tant qu’entité pensante qui est une pensée parasite aux objets auxquels elle se projette et se tient, mais je ne suis pas !

[1]Ce que je suis est conditionné par ce que je pense.

5 septembre 2005

Intervention des types psychologiques dans les problèmes de couple

Source: http://www.1001nuits.org/index.php?title=Mod%C3%A8le:Types_psychologiques


Dans son ouvrage Les types psychologiques, Jung définit trois grandes paires de caractéristiques de la psyché humaine, caractéristiques qu’il fonde à la fois sur sa pratique de la psychanalyse mais aussi sur une étude assez poussée de la différenciation psychologique au cours des différentes époques pré et post-chrétiennes. Ces caractéristiques se divisent en deux ensembles : les types d’un côté et les fonctions de l’autre.

Les types psychologiques en quelques mots

Les types psychologiques de Jung sont au nombre de deux : introversion et extraversion. Ces deux notions ne sont pas à entendre tout à fait au sens où ces termes sont entrés dans le langage courant. En effet, ces types psychologiques ont une composante énergétique très forte : l’extraverti prend son énergie principalement du monde, tandis que l’introverti prend son énergie principalement de lui-même. Il en résulte une tendance pour l’introverti à être plutôt renfermé et distant, précautionneux, et une tendance pour l’extraverti à être expansif, liant et parfois superficiel. On notera toutefois qu’il se trouve assez fréquemment des extravertis contrariés agissant comme des introvertis et des introvertis contrariés tentant d’agir comme des extravertis. Ces « contrariétés » sont souvent des sources de dissociation névrotique, d’une distance prise entre l’habitude une chose et la réalité du soi, mais tel n’est pas le propos de cet article.

Notons que ces types ne sont que des dominantes et que chacun d’entre nous possède une inclinaison plus ou moins prononcée vers l’un ou l’autre de ces types. En effet, on ne peut pas être des deux types à la fois même si certaines personnes sortent, à l’occasion de tests psychologiques, comme relativement équilibrées par rapport aux types (dominante très légère pour l’un des deux types). On a coutume de symboliser l’introverti par un “I” tandis que l’on symbolise l’extraverti par un “E”.

Les fonctions psychologiques en quelques mots

Les fonctions psychologiques sont au nombre de quatre :
- la pensée (sous-entendu l’intellect),
- le sentiment (sous entendu les affects),
- la sensation (sous-entendu notre faculté à nous placer dans et à percevoir le présent),
- l’intuition (ou faculté d’envisager l’avenir).

Ces quatre fonctions vont aussi par paire, mais d’une manière moins claire que pour les types. En effet, chaque être humain a des facultés plus ou moins développées dans les quatre fonctions psychologiques, qui sont nécessaires à son fonctionnement quotidien. Néanmoins, certaines dominantes dans des domaines s’accompagnent d’une moindre utilisation d’une autre fonction, exhibant ainsi les couples fonctionnels : pensée/sentiment et sensation/intuition.

Si une personne a une tendance naturelle à approcher les choses au travers de son intellect, le côté sentimental passera souvent mécaniquement au second plan, et vice-versa.

Le cas des personnes intuitives est aussi intéressant car ces personnes ont souvent tendance à aborder les problèmes de la vie en tentant de trouver une solution à long terme alors qu’ils auront du mal à percevoir le problème immédiat. A l’inverse, les « perceptifs » (ceux dont l’appréhension du monde est plutôt basée sur la sensation) auront eux plus de mal à envisager des olutions qui ne répondent pas à un problème se posant dans le présent.

On reprendra la notation anglo-saxonne des fonctions afin de donner au lecteur des moyens de continuer une éventuelle investigation sur les types psychologiques sur le net en gardant la même vocabulaire :
- la pensée : “T” pour Think,
- le sentiment : “F” pour Feeling,
- la sensation : “S” pour Sensation,
- l’intuition : “N” pour iNtuition.

La vision de Myers et Briggs

Myers et Briggs sont deux psychanalystes junguiennes qui ont ajouté une dimension d’organisation par rapport aux travaux originaux de Jung. Cette dimension juge la capacité d’organisation de la personne et son aptitude à respecter les lois. Ainsi, une personne ordonnée sera dénommée Judge (J) et une non ordonnée plus intuitive matériellement sera dénommée Perceiving (P) [1]. Cette dimension supplémentaire est quelque peu ambiguë dans la mesure où elle peut être plus acquise qu’elle n’est innée et peut relever plus d’un inconscient collectif social que d’un trait de personnalité propre.

Huit types de psychés

Cependant, nous nous limiterons aux trois couples de caractéristiques définis par Jung dans le cadre de cet article même si le couple défini par Myers and Briggs pourrait éclairer des situations par exemple de couples de nationalité différente. Il est clair que passer sous silence cet indicateur illustre pour nous la volonté de se concentrer sur les problèmes de couples liés aux personnalités des protagonistes, et non sur leur aptitude à gérer ou pas un quotidien matériel [2]. Ainsi, avec les deux types et les quatre fonctions, on obtient un ensemble de huit combinaisons de « dominantes » :
- INT : introverti intuitif intellectuel,
- INF : introverti intuitif affectif,
- IST : introverti sensitif intellectuel,
- ISF : introverti sensitif affectif,
- ENT : extraverti intuitif intellectuel,
- ENF : extraverti intuitif affectif,
- EST : extraverti sensitif intellectuel,
- ESF : extraverti sensitif affectif.

Il est bien entendu assez dérangeant de voir ainsi ses dominantes psychologiques pouvoir être placées au sein de l’une des huit boîtes que voilà [3].

Néanmoins, l’aspect positif majeur d’une telle classification est de ne pas juger de la psychologie des personnes mais de reconnaître que cette dernière existe et est différente le cas échéant de la sienne. C’est donc à une véritable leçon sur la différence et sur la tolérance à laquelle nous convie Jung, sachant que pour lui, cette classification ne fait état que de dominantes de fonctionnement et ne vise pas à être un modèle de représentation complet de la psyché, ni de la singularité des individus [4].

Pour aborder les problèmes de couple de manière exhaustive [5], il faudrait donc étudier les trente-six cas résultant de la combinaison de deux psychologies prises parmi les huit décrites ci-dessus.











Figure 1 : les trente-six combinaisons de la psychologie du couple.

Au sein de ces trente six cas, les cas en gras (ceux de la diagonale), sont des cas un peu particulier dans lesquels les personnalités des deux membres du couple tendent, psychologiquement, vers les mêmes dominantes. Hormis des cas de psychopathologie [6], on pourra donc dire que ce genre de couple est, théoriquement, celui qui a le plus de chances de percevoir le monde de la même façon, soit, si les types psychologiques ont une répartition statistique équiprobable (ce qui reste entièrement à démontrer), une couple sur trente-six.

Si l’hypothèse selon laquelle les dominantes psychologiques des individus peuvent être équi-réparties sur la population sur les huit types psychologiques est raisonnable dans l’absolu (encore une fois, cette hypothèse ne fait l’objet d’aucuns travaux), le fait que les trente-six sortes de couples soient équi-répartis au niveau statistiques (soit une proportion de représentation de chaque type de couple à un peu moins de 2.8%) est peu probable [7].

Typologie des conflits

L’occurrence en effet de certains couples peut être moins probable que d’autres en raison de leur stabilité. Ainsi, certains couples forment des assemblages instables. On pourra noter que les couples qui ont des types psychologiques opposés sont soumis fréquemment à des problèmes de compréhension voir d’appréhension commune du monde.

Le premier type de conflit auquel on pense naturellement, mais aussi le type le plus difficile à résoudre pour un couple situé devant cet état de faits est le conflit introverti versus extraverti. Ce dernier, ainsi que les conflits impliquant des personnes du même type, est aggravé par les autres facteurs psychologiques dans le cas où ces derniers sont de dominante opposée, comme nous allons le voir. Nous distinguerons deux modes de conflits entre personnes du couple :
- le conflit usuel (conflit qui ne remet pas en cause le couple lui-même),
- le conflit grave, qui peut remettre en cause le couple mais aussi qui se situe souvent dans des conditions psychologiques extrêmes des acteurs (fatigue nerveuse et/ou physique extrême notamment.

Dans le cas du conflit grave, les fonctions psychiques dominantes vont souvent avoir tendance à s’inhiber au profit des fonctions psychiques appareillées. Ainsi, l’intellectuel aura tendance à devenir sentimental et vice versa et la fonction intuitive se verra replacer de manière provisoire par la fonction factuelle (sensibilité au présent).

Divergence de perception du monde

Par ailleurs, nous prendrons pour hypothèse que la fonction psychique intuition/sensibilité au présent (état d’être sensitif [8]) intervient dans les prémisses du conflit et non dans le conflit lui-même. Ainsi, nous envisagerons que ces fonctions révèlent la situation conflictuelle avant que le conflit ne naisse au travers des structures suivantes :
- intuition : impression diffuse qu’un fonctionnement du couple ne peut durer à long terme et met en péril le couple lui-même,
- sensibilité : impression que le quotidien dans les termes actuels du couple ne peut être comme il est.

L’approche est somme toute différente dans la mesure où l’intuitif cherchera une solution sur le long terme tandis que le sensitif aura besoin d’une solution immédiate. La solution du sensitif pour l’intuitif sera vue comme une solution construite sur des détails tandis que le sensitif aura du mal à saisir l’abstraction proposée par l’intuitif en termes de solutions.

Cette différence d’approche peut constituer un des cœurs des problèmes de perception entre les personnes du même couple. Lors du conflit, c’est la mise en scène de problèmes tournant autour de questions dont certaines sont liées à ces divergences de représentation qui nous occuperont.

L’hypothèse que nous faisons d’exclure provisoirement cette fonction du conflit et de la limiter aux prémisses est que la discussion d’une telle divergence est relativement stérile, donc que le conflit s’envenimera autour de points relatifs à la perception du monde si d’autres facteurs interviennent. Car rapidement, les interlocuteurs s’aperçoivent de leur différence de point de vue et de leurs attentes différentes. Cette divergence s’illustre d’abord par une incompréhension qui peut être levée si chacun des protagonistes envisage l’autre comme différent. Si néanmoins, il envisage l’autre comme identique à lui-même ou comme devant réagir conformément à ses attentes (pour des principes moraux, ou des comportements conformes à certains archétypes inconscients), l’état projectif de sa psyché sur l’autre l’empêche de saisir la différence fondamentale, condamnant d’une certaine façon l’issue du conflit.

Ces hétérogénéités de perception du monde requièrent :
- soit d’une personne qu’elle s’adapte à l’autre (en général l’intuitif s’adapte au sensitif car le contraire est souvent très difficile),
- soit les deux personnes acceptent leur différence,
- soit c’est le constat d’échec.

Cela conforte le fait que des discussions conflictuelles autour de ces problèmes de perception du monde sont intéressantes plus par les mécanismes conflictuels qu’elles mettent en jeu de manière générale, plus que par le sens d’un tel conflit dont l’issue dépend souvent de l’état d’ouverture d’esprit des deux personnes, de leur maîtrise de leurs états projectifs et, le cas échéant, de leurs états névrotiques.

Cela dit, nous pouvons reprendre le tableau ci-dessus et le simplifier provisoirement [9] en le tableau suivant, après suppression de la fonction N/S :

IT IF ET EF
IT 1 - - -
IF 2 5 - -
ET 3 6 8 -
EF 4 7 9 10


Figure 2 : les dix combinaisons conflictuelles dans la psychologie du couple.

Conflits de même type

Dans les cas 1, 5, 8 et 10, la façon de raisonner ainsi que la façon d’être au niveau énergétique est homogène. Cette homogénéité ne prévient pas des conflits (en particulier de ceux issus d’une appréhension différente de la réalité), mais ces derniers ne possèdent pas structurellement de prédispositions à l’aggravation.

Le seul danger que court ce type de couple est finalement l’ennui, dans la mesure où la façon de voir le monde est si proche que la routine peut s’installer très vite et donc que les discussions peuvent même tourner court tant chacun des protagonistes peut avoir l’impression de tourner en circuit fermé.

Dans les cas 2 et 9 en revanche, lorsque le conflit naît, s’il s’illustre par un mode de discours homogène à la fois en émission et en réception (introverti ou extraverti), le problème se situera dans l’affrontement d’une logique affective contre une logique intellectuelle. Ce genre de conflits est souvent assez bénin s’il n’est pas appuyé par une antinomie N/S non appréciée comme différence du couple. Structurellement, ce genre de conflits ne porte pas non plus en lui de potentiel d’aggravation, excepté dans la cas où la non résolution d’une antinomie N/S serait due à une pathologie de la psyché (névrose, dissociation, complexe, etc.).

Conflits de type opposé

L’introversion et l’extraversion sont les deux types, qui s’ils sont présents respectivement chez les deux membres du couple, sont une cause d’incompréhension continuelle en termes de comportements et de façons d’être, notamment durant les conflits. En cas de conflit à forte composante affective (comme c’est le cas des conflits de couple), l’extraverti aura tendance à beaucoup parler, à réfléchir tout haut, voire même à mettre l’introverti en position de faiblesse en posant des questions à brûle pourpoint ou en le saturant d’informations. L’introverti obtera généralement pour une position de repli silencieux, voire un blocage complet. L’extraverti prend souvent ce blocage comme un affront, comme une volonté de ne pas parler voire comme du mépris. L’introverti dans ce même cas prend l’extraversion excessive de l’extraverti (ton agressif, grands gestes, etc.) comme une agression et une tentative d’écrasement de sa personnalité. Dans ce cas ce type de conflit peut être vécu comme une injustice profonde.

Pour les couples introverti/extravertis se pose la question d’accepter le comportement de l’autre et dans les deux cas de faire un pas vers l’autre en respectant sa façon d’être. Ainsi l’introverti devra parfois se faire violence et parler un peu plus, même si l’état de ses pensées est pour lui inabouti (ce qui est sans importance pour l’extraverti en attente de paroles) et l’extraverti devra parfois faire silence ou donner des messages plus clairs et plus concis à l’introverti. Sans ces concessions, et dans le cas d’une non acceptation de la différence de l’autre (jugement moral, position archétypale, complexe, névrose, etc.), le couple est structurellement en péril, ce qui signifie que la résolution d’un conflit même provisoire ne peut être considérée comme une façon de garantir que des conflits de ce même type ne se reproduisent pas.

Le risque structurel est aussi, pour ce genre de couples, d’un autre nature. En effet, lors d’une incompréhension de l’autre et de sa façon d’être doublée d’une non acceptation de sa différence, à la fois l’introverti et l’extraverti peuvent développer des sentiments de frustrations très importants. Pour compenser ou faciliter leur vie de couple au quotidien, il se peut qu’ils entrent (et dans cet état, aucun type ne semble particulièrement privilégié) en phase dépressive. Notons que cette dépression est souvent la faute d’une conjonction de faits :
- constat d’incompréhension fondamental avec le partenaire,
- non volonté personnelle de reconnaître la différence de l’autre (ce qui se traduit souvent par une accusation explicite envers l’autre de ne pas se comporter comme soi-même, ou autrement dit « normalement »).

Que cet état dépressif arrive sur un terrain dépressif ou névrotique et la situation devient vite explosive voire peut développer des tendances violentes ou suicidaires. Le péril est donc grand dans ce genre de cas de différences de types [10].

Influence de la fonction intuitif/sensitif dans les couples introverti/extraverti

Dans les conflits de couples de types opposés, le problème de la dissociation des visions N/S que nous évoquions précédemment est un facteur aggravant tout à fait majeur. Il donne lieu à deux combinaisons : EN avec IS ou ES avec IN.

Dans le premier cas, l’extraverti ouvert sur le monde a une appréhension très intuitive du monde avec une capacité à se projeter facilement dans l’avenir et une capacité à en parler alors que l’introverti sensitif aura tendance à se tourner vers lui-même ainsi que les choses qui le préoccupent ici et maintenant. Cette configuration est très explosive car la différence de psyché est absolument fondamentale entre les deux protagonistes. Le risque de conflit est donc fort car la perception quotidienne des choses est fondamentalement différente.

Dans le cas où l’extraverti est sensitif, ce dernier aura une tendance à user de son énergie sur le monde présent qui l’entoure et donc à organiser une certain réalité présente. L’introverti intuitif aura lui des risques pour se perdre dans ses pensées et pour ne pas voir la réalité telle qu’elle se présente et ne pas l’exprimer. Là aussi, la situation est très explosive, l’introverti étant fondamentalement dans un monde qui n’est pas celui de son partenaire. Le risque de conflit est donc tout aussi important que dans le cas précédent.

Etudes des cas de la figure 2

Commençons par le cas où la même fonction T/F (intellect ou affectif) est dominante pour les deux protagonistes. Nous sommes dans les cas 3 et 7, respectivement un couple IT/ET et EF/IF. Les remarques que nous avons dit en général sur les différences de typologie psychiques entre extraverti et introverti, à quoi s’ajoutent les différences de perception du monde expliquées ci avant, s’appliquent dans ce genre de cas. Le fait que, en cas de conflit, les deux protagonistes puissent user soit d’un raisonnement intellectuel (T) soit d’un raisonnement affectif (E) crée l’opportunité d’un langage commun, malgré les autres différences. Que ce langage commun s’ajoute à une façon commune de percevoir le monde et seuls les types extraversion/introversion sont différents au sein du couple, ce qui est gérable, comme nous l’avons vu.

La disparition du « discours du conflit »

Dans les cas où les fonctions intellect et affectif sont opposées, l’approche du conflit devient très difficile structurellement pour la bonne et simple raison que le langage du conflit est lui-même source de conflit.

Rappelons-nous que nous avons volontairement isolé les types E/I (extraverti/introverti) et la fonction T/F (intellect/affectif). Car ce conflit illustre s’illustre par un discours du conflit composé de ces deux caractéristiques. Si elles sont toutes deux en opposition, alors le discours lui-même du conflit, dont le but est de résoudre le conflit, devient conflictuel, c’est-à-dire qu’il apporte des éléments nouveaux de conflit au sein du couple.

Ainsi l’extraverti intellectuel (ET) tentera souvent d’expliquer de manière rationnelle les fautes et responsabilités de chacun. L’introverti affectif (IF et donc nous nous plaçons dans le cas 6 de la figure 2) ne gardera probablement que des « formules » du débit de l’extraverti (morceaux de son discours) qui heurtent sa sensibilité affective et ne tiendra pas compte des raisonnements développés par l’extraverti. L’alchimie d’un discours intellectuel trop abondant versus une fermeture sur des éléments affectifs incomplets (mots prononcés par l’extraverti mais sortis de leur contexte et interprétés de façon affective par l’introverti donc en tant qu’erreurs pour l’extraverti) implique une aggravation du conflit. De facto, dans cette configuration, le discours du conflit est menacé structurellement.

Si l’on examine le cas numéro 4, l’extraverti affectif aura tendance à tenter de toucher la partie affective de son partenaire qui trouvera des formules réfléchies assassines à donner en pâture aux épanchements verbaux de l’extraverti. La scène peut aussi dans ce cas montrer une absence totale de discours, l’introverti étant face à un être irrationnel et volubile et l’extraverti voyant en face de lui un être froid et méprisant où l’amour n’existe pas.

Que l’on rajoute à ces deux configurations une propension à voir le monde de manière différente et nous entrons dans un couple pour lequel l’énergie passée à tenter de construire le couple est souvent source des conflits du couple et se transforme en une énergie pour soigner le couple, très souvent provocatrice de nouveaux conflits.

Synthèse

En reprenant la table de la figure 2, nous pouvons tenter (en étant conscients de la difficulté de la chose) de donner un facteur structurel de risque à chaque configuration de couple avec les notions suivantes [11] :
- risque normal,
- risque d’ennui,
- risque fort de conflit,
- risque très fort (disparition du langage du conflit),
- “*” : risque de forte aggravation due à dominantes N/S différentes.

Nous obtenons la figure 3 :

IT IF ET EF IT 1. ennui - - - IF 2.normal 5.ennui - - ET 3. fort* 6.très fort* 8.ennui - EF 4.très fort* 7.fort* 9.normal 10.ennui


Figure 3 : Risques structurels liés à la psychologie du couple.

Le cas des divorces

L’exemple suivant est à prendre avec précaution, tout comme l’étude que nous venons de proposer, en raison du fait que nous ne prétendons pas tout élucider avec les types psychologiques mais que cette étude propose une grille de lecture à orientation scientifique sur un sujet délicat.

Selon un sondage, les principales causes de divorce sont en France :

  1. l’infidélité,
  2. la routine,
  3. les disputes,
  4. la jalousie,
  5. le travail,
  6. le sexe [12].

L’infidélité est une raison morale que nous rapprocherons de la raison d’insatisfaction sexuelle ainsi que de la routine. Nous classifierons ces raisons dans une classe générale nommée “ennui”. Les disputes sont pour nous des traits plutôt caractéristiques des psychologies différentes de type “fort” et “très fort” dans la figure 3. La jalousie est des une des circonstances aggravantes de toute situation de couple. Le travail quant à lui ne peut entrer simplement dans notre modèle.

La liste précédente devient à la lumière de la figue 3 :

  1. l’ennui : types 1, 5, 8 et 10 ;
  2. les disputes : types 3, 4, 6 et7 ;
  3. la jalousie : circonstance psychologique aggravante ;
  4. le travail : indéterminé dans notre modèle.

Attention une fois encore. L’objectif de cette nouvelle liste n’est pas de dire que nous avons tout expliquer sur le divorce, mais que certains risques structurels de la psychologie du couple peuvent se voir dans les cas de divorce.

Conclusion

Dans cette approche basée sur les types de Jung, nous avons tenté de mettre en exergue le fait que des couples puissent avoir plus de dispositions psychologiques structurelles pour entrer en état de conflit. Dans l’étude très rapide que nous venons de mener, et qui mériterait à elle seule un ouvrage, nous avons tenté de travailler sur des couples qui se situaient hors pathologie psychique, tout en notant que ces pathologies étaient, bien entendu, néfastes à la stabilité du couple lui-même (bénignes comme malignes bien que plus facilement gérables).

Le but de cette étude était donc de tenter de décrire de manière scientifique suivant un modèle qui nous vient du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung, et donc de parler du couple et des conflits sans y voir absolument les avatars suivants :
- un jugement moral sur le fait que des couples se séparent,
- un jugement sexiste, voire un jugement sexuel [13],
- des images archétypales des conflits du couple.

Au contraire, cette étude vise à montrer que les conflits du couple sont souvent légitimes et normaux et que tous les couples n’ont pas à faire face aux mêmes types de conflits. Dès lors, on réalisera qu’il est bien aisé de donner des conseils à des gens dont la psychologie est différente de la nôtre et dont le partenaire a une psychologie différente de celle du nôtre.

L’amour, en effet, touche de manière assez aléatoire des personnes pour que les couples aient à faire face à des éléments conflictuels dépendant de la nature psychique des deux protagonistes. La plupart de ces risques structurels (risques qui, comme leur nom l’indique, peuvent ne pas s’illustrer dans tous les cas) sont gérables avec de l’ouverture et un peu de bonne volonté sauf dans des cas précis d’opposition pure et simple de profils psychologiques (notamment les cas suivants : ENT avec ISF, EST avec INF, ENF avec IST, ESF avec INT), cas dans lesquels le couple doit traverser de graves périodes de troubles avant de pouvoir se stabiliser le cas échéant [14].

On pourrait se demander pourquoi mener une telle étude et pourquoi abstraire à ce point des choses qui concernent des humains en conflit. Je pense qu’il est souvent nécessaire de prendre conscience des choses pour mieux les vivre. Et comme écrivait Jung dans L’Archétype de la mère :

C’est ce but que recherche toute la nature, et elle le trouve dans l’homme et seulement dans l’homme le plus conscient. Chaque pas infime en avant sur le chemin de la réalisation de la conscience est créateur de monde. [15]

[1] Ces deux psychanalystes ont inventé un test très réputé qui s’utilise un cadre très précis et qui est d’une justesse assez remarquable. Ce test est payant et peut être utilisé dans de nombreux domaines, notamment dans le cadre des rapports en entreprise (ce test est interdit d’emploi durant les entretiens d’embauche par l’éthique d’utilisation définie par Myers et Briggs).

[2] Ironiquement, cette dimension semble souvent plus importante dans les pays anglo-saxons que dans les pays latins.

[3] Le test de Myers and Briggs en construit seize ce qui n’est pas tellement mieux.

[4] Cf. psychanalyse et morale.

[5] Attention, cette exhaustivité est relative à notre modèle.

[6] Voir l’amour fusionnel, par exemple.

[7] A noter que l’on peut aussi supposer que la psychologie de l’individu privilégie certaines dominantes, ce qui complexifierait le modèle de manière importante.

[8] On aurait envie d’utiliser le néologisme « sensitivité ».

[9] L’étude complète serait à faire.

[10] Attention néanmoins à la schématisation hâtive. Il est clair que des couples ayant rigoureusement le même profil psychologique peuvent très bien finir dans des états suicidaires, si l’un des deux a développé une névrose particulière. Il ne s’agit là que d’évoquer de grandes tendances structurelles et non des règles absolues de ce genre de couple ni de comportements qui seraient réservés à des couples d’un certain type.

[11] Il faut préciser que ce facteur s’établit de manière purement conjecturale et dans le cadre seul de ce que nous avons expliqué.

[12] Source Sofres pour Le Nouvel Observateur

[13] En effet, l’étude ne porte pas en elle la supposition que le couple soit formé d’un homme et d’une femme.

[14] Ces cas peuvent paraître rares dans la mesure où un trait pathologique de l’un des deux membres du couple est souvent révélé par les situations de conflit avant progression des problèmes.

[15] In Les racines de la conscience, C. G. Jung, Buchet/Chastel 1971.

Archive carnets

Confiance = action de l'Ocytocine

Qu'est la vie sinon l'attente du pire ?


"Le mot est l'existence, la prison dans laquelle on enferme un individu. Le terme devient plus lourd que la réalité qu'il prétend désigner (...)[il] meurtrit la personnalité et ouvre des plaies secrètes." Alexandre Jollien, "le métier d'homme", p.14


Ultimité:

-harmonie de soi avec /environnement
-harmonie de soi avec /autres
-harmonie de soi avec / soi-même

Gelatithérapie: Thérapeutique par la crème glacé.

David le Breton: "l'estrême contemporain condamne le corps, si peu à la hauteur des avancées technologiques de ces dernières décennies, écrit-il dans L'Adieu au corps, un corps qui de plus en plus est vécu comme un membre surnuméraire qu'il faudrait supprimer."

(...) qui est si bien refoulé qu'on arrive à l'idée que c'est un choix.

"Ce qui me frappe depuis que je pratique la psychanalyse, c'est la positivité de l'inconscient, reprend Anne Dufourmantelle. Tous les symptômes sont produits pour éviter le pire. La logique de l'inconscient est de monter des digues en amont. Même dans les cas de symptômes les plus durs. L'anorexie, la boulimie, par exemple, sont des protections de quelque chose de pire." Le Monde 2, 16/07/05


Grillon d'Italie - Oecanthus pellucens

L

e grillon d'Italie, fort différent des Grillo campestris, grillons "normaux des champs".
Les oecanthus ne font pas de terriers, et ils rendent la musique à la nuit. Nuit chaudes d'été.

Citations

La compassion n'engage à rien, d'où sa fréquence. Nul n'est jamais mort ici-bas de la souffrance d'autrui.
[Emil Michel Cioran]
Sur les cimes du désespoir

On n'écrit pas parce qu'on a quelque chose à dire mais parce qu'on a envie de dire quelque chose.
[Emil Michel Cioran]
Ecartèlement

La solitude est l'aphrodisiaque de l'esprit, comme la conversation celui de l'intelligence.
[Emil Michel Cioran]
Le crépuscule des pensées

Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.
Syllogismes de l’amertume

Se méfier des penseurs dont l'esprit ne fonctionne qu'à partir d'une citation.
Aveux et anathèmes

'Ne juge personne avant de te mettre à sa place." Ce vieux proverbe rend tout jugement impossible, car nous ne jugeons quelqu'un que parce que justement nous ne pouvons nous mettre à sa place.
De l'inconvénient d'être né

Bien des gens qui paraissaient être nos amis ne le sont pas en réalité ; le contraire est vrai aussi.
Démocrite

Les vrais amis sont des solitaires qui s'acceptent.
[Catherine Hermary-Vieille]

Les grands talents sont, pour l'ordinaire, plus rivaux qu'amis ; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s'attroupent et les lions s'isolent.
Rivarol

Les seuls amis dignes d'intérêt sont ceux que l'on peut appeler à quatre heures du matin.
[Marlène Dietrich]

Citations de Tchouang-Tseu


Et même si ce sont des citations commerciales, prêtes à imprimer sur T-shirt, tant pis.


La vision trop subtile use les yeux de l'homme. L'ouïe trop fine use les oreilles de l'homme. L'ambition démesurée use l'esprit de l'homme

Un chien n'est pas un bon chien parce qu'il aboie bien. Un homme n'est pas un sage parce qu'il parle bien. Il ne suffit pas de s'efforcer pour être grand. Encore moins pour être vertueux.

L'esprit sage est le miroir du ciel et de la terre, dans lequel toutes les choses se réfléchissent.

Les mots servent à exprimer les idées ; quand l'idée est saisie, oubliez les mots.


La presque totalité des hommes s'imagine qu'être jugé apte à quelque chose est un bien. En réalité, c'est être jugé inapte à tout ce qui est un avantage

> Vivre, c'est un hasard du temps ; mourir, c'est se conformer à la loi de la nature.

Quand le monde est en ordre
Le saint accomplit sa mission,
Quand le monde est en désordre
Le saint préserve sa vie.

A l'époque actuelle on fait grand cas des livres.
Les livres ne sont faits que de mots.
Les mots ne valent que par des idées.
Les idées ont une origine qui ne peut s'exprimer par des mots

La meilleure action que l'on puisse faire est de ne pas agir.

Vouloir éviter l'inévitable, n'est-ce pas augmenter sa douleur ?

Vouloir augmenter ses connaissances, c'est légèreté

La vie d'un homme entre ciel et terre passe comme le saut d'un poulain blanc franchissant un fossé : un éclair et c'est fait.

Les pattes du canard sont courtes, il est vrai ; mais les allonger ne lui apporterait rien.

Bien que les pieds de l'homme n'occupent qu'un petit coin de la terre, c'est par tout l'espace qu'il n'occupe pas que l'homme peut marcher sur la terre immense.

J'ai soin de bien vivre afin de mieux mourir

Savoir s'arrêter devant l'incompréhensible est la suprême sagesse.

Les hommes connaissent tous l'utilité d'être utile, mais aucun ne connaît l'utilité d'être inutile.

Ce sont les professeurs qui ont mis le désordre dans le monde.

Quand la taupe boit dans le fleuve, elle ne prend que ce qu'il lui faut.

Que l'homme n'aime rien, et il sera invulnérable.

Le meilleur usage que l'on puisse faire de la parole est de se taire.