Clartés de la rue au travers d'un voilage passé.
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Matin. Des rêves oubliés ont lavé mon cerveau, ce débile. De grands murs. Ciel blanc derrière les voilages. Je mets à jour la liste de mes regrets. J'imagine un peu. Je gravis des pics d'imagination, priant pour qu'ils se prolongent en rêves, mais cela n'arrive pas. Les marées du sommeil sont imprévisibles
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Cette capacité à croire, ce doit être le dernier cri de l'homme pauvre, et le scepticisme, la première erreur de l'homme nouveau, avais-je cru. Mais il n'y a pas d'homme nouveau, les plus belles paroles ont déjà été dites, enfin je l'eu cru. L'amas d'inepties qu'avais-je alors formé m'avais fait arrêter de croire, comme certains arrêtent de fumer, maintenant, maintenant, je ne crois plus, je ne pense qu'à des choses fictives. Je ne veux penser qu'à des erreurs béates, car grâce à cela je ne croirais plus en rien, je serais nouveau, cela c'est rigolo.
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Parallèlement et un peu plus tard, je me dis que ces gens ont vraisemblablement des sortes de sphères psychiques, suspendues au dessus d'eux, et refermées par un couvercle, car chacun de nous est -borné-, dans son corps, dans son -state of mind-, dans sa constitution psychique. Je soupçonne ces gens d'être trop personnels, dans le fait qu'ils sont justement curieusement bornés, et que cela ne suffit pas pour leurs individualités,oui, le fait que chacun est différent ne leur suffit pas, ils veulent faire comme chacun fait. Sans doute, devons nous laver à eau vives les détritus qui jonchent nos couvercles, qui nous empêchent de voir au travers, qui nous empêchent de nous-mêmes nous voir. Comment sinon être éclairé ? Jusque là, une impression qui m'est fidèle m'assagis: nous -ne pouvons être autre chose que nous-mêmes-. Cette impression est un charnier si grand que personne n'a su le traverser, sans y périr : cette impression dépeint la cause de nos affrontements...C'est l'homme nouveau, l'homme dépassé, qui sera le premier à pouvoir passer par-delà. L'animal ne sait ce qu'il est, l'homme ne sait ce que l'autre est.
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Je ne suis pas un par nature, j'y ai été contraint par un geste astral, par la force des choses, ceci est la sagesse en pratique. Espérant trop, il me manque trop, trop de pièces pour construire mon grand puzzle, je ne distingue pas même le motif principal, mais j'ai assemblé toutes les pièces sombres, il me faut du bleu, du ciel, oui, c'est cela qu'il me faut maintenant.
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Soyons réalistes, rire ne mène à rien, et l'objet de mes rires mène-t-il à quelque chose ? En l'état, je ne crois pas. Je ne sais pas vraiment que penser, vraiment; s'il faut me rappeler certaines phrases, ou d'autres. C'est indigne de moi, raisonner par ces détours. Oh, je ne voudrais plus m'asseoir sûr des pensées en langouste, je voudrais mettre un terme à mes questionnements ubuesques. Dites, en quelle langue cause le Malin, juste, il fait un peu chaud, s'il voulait ne plus jouer avec ses allumettes, ce serait une comédie en moins.
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[6h24] Rêves extraordinaires. J'ai rêvé mes souhaits les plus fondamentaux. Il s'agit naturellement d’... oublier, d’oublier vraiment, jusqu’aux cernes d’illusions établies, jusqu’aux sables mouvants, jusqu’aux cernes des sables.
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Je regarde les murs souvent, ces grandes plaines blanches, grandes plaines pensantes, où je fais sécher ma cervelle et pâtir l'imaginaire, souvent j'y ai marché... Souvent aussi, je ne parviens pas à m'assurer que celui qui me converse en moi est le -véritable moi. En réalité je sais peu sur moi-même, je me représente par un ensemble de manies et sensations personnelles dans lesquelles je me retrouve, mais autrement, ne suis-je peut-être qu'une machine à générer du hasard parmi l'imprédictible fresque de vie ? Depuis mes temps les plus archaïques je ne suis qu'à la recherche de satisfaire la seule obligation que j'ai envers moi-même: -disparaître en. J'ai jusqu'alors pu disparaître en des lubies diverses, de ce fait le colimaçon que je suis avait le gîte d'une coque d'albâtre, mais cela ne dure qu'un temps. Aussitôt usé, je du changer et changer: car je ne résiste à la dureté de la lumière pleine, je suis un voyageur de la disparition, ce qu'aussi j'appelle l'oubli (en quelque chose).
Les grandes époques se relaient et reviennent dans des habits frêles et brefs: des feux, et mieux encore: des feux follets.
Sur le champs - je m'ordonne entre des respirations saccadées par ma peine: tu dois disparaître en, ou des rayons purs brûleront ta chair natale. Chose suppliciante de ne plus pouvoir disparaître en- des passions, mais en- la passion. Ceci est mon attente, ceci est mon attente indéfinie.
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Trois choses chez une personne sont dans un premier abord des sources d'attirances, (humainement parlant): le mystère, la chaleur, et la similarité idiolectale. J'entends par ces termes: le mystère: ce que l'autre dissimule ou semble dissimuler, les paysages merveilleux qui semblent exister, car, plus l'autre semblent avoir d'horizons différents, plus il nous attire. (Dans l'optique que nous allons vers les autres pour emplir un manque personnel - c'est pourquoi tout est égoïsme actif/passif.) Le mystérieux fera appel en nous à bien des manques, ainsi il y a source d'attirance. Comme un aimant agit un secret. Deuxième source, la chaleur: c'est ce que nous apporte l'autre, plus précisément, l'intérêt qu'il nous amène, le chaleureux est intéressant car nous l'écoutons. Même si certaines paroles sont creuses, il y a certes un intérêt. Le chaleureux, c'est aussi l'extraverti, qui nous apporte une chaleur humaine, un soutien, une écoute. Dernière des sources d'attirances, l'idiolecte similaire au notre, ou complémentaire. Quelqu'un ayant une attitude semblable à la notre, nous fera penser que d'autres aspects de notre personne se recoupent en lui. J'inclus dans cette catégorie l'attirance physique.
Tout ceci n'est pas valable dans des rapports d'attirances fondés sur des valeurs in-humaines, c'est à dire, un manque non-psychique. Le manque d'argent, par exemple.
Par récurrence, le triste n'attire -normalement- pas: il affaiblit le mystère, il réfrène la chaleur, il tempère son idiolecte. C'est une de mes plus vives contradictions personnelle, j'aime le mélancolique je fonctionne en négatif sans l'être par conviction - sans être de conviction négatif (dans le premier sens du terme).
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Mes sentiments forment des cercles, des tournoiements de grandes hélices, mes sentiments sont une grande éolienne, l'air divisé rugit et tournoie comme une grande hélice - et les pales blanches - pales immenses me divisent.
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Notes
[1h09] Origan et voiles bordeaux, images intérieures et lumières douces et lumières liées. [1h09] Voici une atmosphère vanillée. Ce n'est pas la mienne. J'entre.