Il suffit de vivre, un temps, dans la plénitude des sensations, pour en découvrir le substrat et les vapeurs folles. Il suffit, un temps, de goûter à l'insanité pour en faire le constat: la danse accompagne toute chose, danser pour la pluie, danser pour le vent, danser pour les brulûres et la lumière. Danser: terminaison dernière du for moral, abolissement de tout sens caché dans les moeurs, défaite de la sensibilité, reniement absolu. Il suffit également de ne plus craindre les airs pour déplorer, divinement, la putrescible destinée des matières. Jeté et trahi, je suis maintenant corrompu, nanti par le dégoût, anéanti par le monde, je vais contre, d'avance je connais le glorieux aboutissement que les délicieuses flammes noires m'avaient promis. Beaucoup font de moi une farce, une jeu dans lequel la chute est l'unique règle. Le ridicule des mouvements et paroles ne m'atteint plus, car de tout cela je suis défait. Il ne reste que le coeur, seule négation fondamentale du monde et de moi-même, qui m'empêche de me fragmenter. Pourtant, malgré mes efforts, quelque chose subsiste, et c'est pour cela que je m'abhorre quotidiennement. Soutenu dans les cieux par une corde protectrice, je me contente de cette vue, malgré le sentiment de proximité qui me souffle: "tombe ! tombe ! l'essentiel n'existe plus !". C'est encore et toujours cette médiocrité lassante et rebutante qui sème le trouble dans des proportions juste supportables, aux frontières des renversements. Il ne faut jamais espérer, ou bien l'élévation tendue vers les lumières de la nuit accorde le même destin au vulgaire papillon comme au plus risible et gentillet des croyants, dans la fine prolongation de l'erreur première. J'inclus en moi la graine des apocalypses nulles.
Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.