Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

4 février 2006

62 aphorismes

Obtenus par écriture automatique.


C'est parce que la vie est dure qu'elle contient tant de rêves, mais c'est pour des rêves que l'on vit: nous avons été piégé.

Jouer avec les gens, jouer avec les mots; la différence, c'est le contenant.

J'ai tué un escargot.

Si la vie était moins dure, cela ferait longtemps que je me serais suicidé.

Je vois des mots pousser. Mais ils parasitent le vide, leurs syllabes sont jaunes et seches.
Pourquoi les mots s'amourachent tout de même de ce vide ? Parce qu'en y tombant, nous nous y abîmons. Les cendres, c'est cela qu'ils cherchent.

Faites moi tomber. Je souffre de n'être que la paraphrase du vide.

J'allis et salis les mots.

J'ai tué un second escargot.

Les jeux sont toujours plus amusants à plusieurs - j'aurais gagné à une partie de vie.

Vous me voyez ? Vous ne me voyez pas ? N'est-ce pas la même chose ?

Pour trouver un chemin, il faut d'abord se perdre - on était toujours sur le mauvais.

Exagerez vos pleurs - ils sont plus beaux.

La beauté est la perversion de la vie, c'est le nectar qui nous y fait tomber. C'est comme cela que se nourissent les plantes carnivores. Une fois que nous y sommes pris, nous nous dissolvons.

Ce n'est pas la beauté qui frustre les ermites, c'est d'avoir renoncé à y goûter.

Les parures de pluie servent à honorer les récoltes.

Tomber cent fois, se relever une seule - pour vérifier.

Avez-vous vu le centre du monde depuis sa périphérie !

Connaissez-vous l'amour sans crainte ?

Exagérez ce que vous craignez: ce qui est trop mafflu est handicapé par sa taille.

On se console de la terre, qui regorge le ciel, mille couleurs en jouissent.

Rivières nouvelles, eau vieille.

Savez-vous détruire sans toucher, toucher sans crier ? Le cri nous ridiculise.

Un éclat de rire, cela n'a d'effet que sur les petites poussières aériennes.

L'univers ronge les meilleurs fruits.

Te tuer, d'abord, te contempler, après.

Chance et malchance sont l'une et l'autre main. Coupez-en une, l'autre s'use deux fois plus.

Sachez ne pas me comprendre, prenez garde, ce que vous sauriez vous ferait disparaître aussitôt.

Vous mettez un pas devant l'autre, etc, pourtant, vous marchez sur quelqu'un.

Si beaucoup feignent la mort, c'est pour y échapper.

Ceux qui souffrent ont besoin de faire bouger un peu d'air autour d'eux, c'est pourquoi nous nous éloignons de ces personnes ennuyeuses.

Dans les rêves on ne croit pas. Cela suffit à croire que nous ne sommes pas au milieu d'un mauvais songe.

La confiture linguistique se fait en écrasant plein de mots ensemble. On en mange quand on ne peut en faire soi-même.

C'est quand on essaye de faire tourner le monde à sa place, qu'il nous éjecte.

On est effrayé alors on fait grandir des idéaux, mais lorsqu'ils sont devenus appréciables, sous leur couvert, il y fait noir.

Aussi sommes-nous un outil très intelligent, dont l'usage est perdu. Dès lors que notre utilité s'adire, nous devenons un excès.

Nos souvenirs ne sont plus mettables, les mites les ont gâché.

Je crois davantage à la Providence qui retire qu'à la Providence qui donne. Par intuition. L'humour divin, ne vous fait-il pas rire ?

L'homme est fautif dans son innocence.

Le cannibalisme de la pensée devient courant.

Dans le creux de la phrase, je cherche à placer des mots qui se ressemblent.

Aimez-vous les uns les autres. Brulez-vous. Je n'aime que vos flammes.

Quand on a dit ce que l'on devait dire, on se tait. Vous savez maintenant pourquoi la littérature est malodorante: c'est une latrine de l'esprit. Il produit, il s'excite, puis s'endort.

Les poètes sont comme de petits enfants, ils n'aiment pas les mots quand ils sont crus, par défaut, ils en font de la bouillie.

Dans une main, je tiens l'homme, dans l'autre, la femme. Je trouve que c'est assez réussi, je devrais applaudir.

Quand l'eau des rivières se jette dans le grand océan, se forment les eaux troubles. C'est pourquoi souffrent les plus purs des hommes.

Ce que me fait l'éternité ? L'effet d'un citron vert, si par malchance je le mangeais, je le recracherais aussitôt.

Prenez le miroir que je vous tend. Brisez-le.

L'homme est chaleureux, parce qu'il est en décomposition, n'est-ce pas.

Si vous vous inclinez, vous déclinez.

On se lasse rapidement des jeux solitaires, de même pour la vie.

Il n'y a que les anxieux qui parlent beaucoup, toute entière la littérature le prouve.

Il est difficile de ne pas périr d'avoir vécu, cela suppose d'oublier ce dont nous avons fait expérience. Que l'instant se suffise !

Qu'attendez-vous ? Passez votre chemin !

L'espoir est particulièrement rentable; un petit suffit pour nous faire beaucoup avancer.

Il y a de nombreuses clefs en or qui ne peuvent rien ouvrir.

Ne malmenez pas ceux qui tapent sur les murs, ils savent que l'on est enfermé.

Par leur inutilité, le comique et le tragique s'interdépendent.

Si l'homme n'allait pas contre-nature, il serait décadent.

Pour tailler le diamant, il faut quelques chose qui lui soit de force équivalente, de même, pour modeler l'homme, il ne faut pas lui être inférieur.

Il n'y a de plus grande souffrance ni de plus grave affection que le plaisir. Bienheureux sont les fades.

L'homme, embarcation de fortune. Amenée sur la vie par la vie, elle flotte, jette l'ancre, attends, tourbillonne, est portée dans tous les sens, puis finalement sombre. Quoi d'artificiel ?

Venez, on s'en va.