On dit que les maîtres de l'art ont deux artifices dans leur main pleines: la lourdeur des esprits
tordus et la fraîcheur des airs litigieux. Ils savent dresser sur leurs ergos les pires chefs de tribus
lointaines, et manger sur leurs confitures les plus tendres herbes fines. Ils savent encore dérégler les
plus grandes traces que l'horlogerie instaure dans les systemes, et, entre les herbes tendres someille,
indifférent, un prophète fou. Il dit que les gens sont des ennemis et qu'il veut en faire des amis. Ma
foi, pourquoi pas ? Mais celui qui est devient ce qu'il n'était pas, et voyez, il someille et rêve parmi
les herbes folles. Dans des primes existences ce ne fut pas ainsi, les traitres avaient de longues
dents, ils marchaient à plat ventre sur les énormes chiens qu'ils croisaient. Ils savaient comment et
où former l'amour, car ils avaient aussi de longs yeux crépus, entourés d'un cerne jaune du plus bel
effet. Où avaient-ils péchés leurs insomnies ? Peut-être dans les verrieres des plus lontaines forêts,
dans les mûrs que l'on trouve sur les plus courts chemins ? Dans toute une année stellaire, il ne s'y
passe que des choses inopinées. Par exemple, les éléphants mangent les hommes. Parfois, ils sortent
de leur terreur et les aplatissent de leur longent cornes ou trompent la petitesse de leurs adversaires.
Ce sont de grands beaux hommes qui vinrent à leur rencontre, ils leur dirent de s'abaisser pour qu'ils
puissent les monter, ainsi, ils leurs promirent de faire le tour de monde. Cela enchantait beaucoup
des pachidermes, mais certains refusaient, ils pensaient que l'idéal n'était pas de s'accomoder de
cercles autour d'un rond d'eau. Ils firent de même pour les menaces que les grands beaux hommes
dispensaient: les attacher à l'univers pour un temps indéterminé, errer entre deux étoiles jumelles,
cela, ils refusaient aussi. Les grands beaux hommes ne savaient que dire, que faire, ils pensaient que
ce qu'il adviendrait d'eux serait un triste pauvre sort, mais contre toutes attentes ce furent eux les
mieux portant, jusqu'à trois siècles après les prémices de l'esclavagisme grandilopant. Pour ces
derniers éléphants libre il importait de se satisfaire de l'herbe cueillie dans le pré ruisselant, ils ne
savaient que croire entre les deux colonnes qui arboraient les clairières de l'esprit, et ces éléphants
refusèrent donc également leur propre condition. En ce sordide jour ce fut une nouvelle étape et une
nouvelle fin, ceux là périrent dans leurs propres mains. Ils disparurent les paumes retournées, les
doigts croisés. Je fus l'un d'entre d'eux, je marchais parmi les palmiers lorsque je me rendis compte
qu'ici s'arrêtait la foret et les arbres démesurés, qui ne faisaient qu'apporter ombre et tamis au
puissant soleil. Je m'exposais, brulais, dans de terribles conditions, si bien qu'un jour, d'autres
éléphants vinrent et s'assirent autour de moi, laissant à mes côtés leurs squelettes froids. Je fus
désormais unique et déterré depuis toujours jusqu'à toujours, dans un vent frais, jusqu'aux pôles
morts.